Critique : Je te promets (par Cineshow)
D'aucuns diront que j'aime me faire du mal. Il est vrai que l'affiche de Je te promets à cette faculté de ne pas trahir le produit à l'entrée des salles obscures. Channing Tatum et sa tête d'ahuri face à Rachel McAdams, enlacés, se lançant un regard tendre, il n'y a pas de doute, nous allons êtres dans une romance ultra-clichée, vendant du rêve et pas vraiment de la satisfaction. Allergiques s'abstenir donc car nous sommes devant un pur blockbuster romanesque étouffe-chrétien, où le too much n'est jamais assez. Sous couvert de la sempiternelle mention « inspirée d'une histoire vraie » Hollywood est capable des pires horreurs cinématographiques qui soient. Non pas que Je te promets puisse être taxé de purge, mais le fait est que l'attentat lacrymal annoncé dans la bande-annonce ne manquera pas, et les spectateurs venus chercher un gros bonbon sucré écorant au possible seront gâtés.
Paige et Léo s'aiment à la folie depuis quatre ans. Le couple est beau, répond à tous les archétypes envisageables mais va se prendre de plein fouet la vie et ses accidents. Un jour d'hiver où madame s'approchera puis lui faire un bisou dans la voiture, un méchant routier va venir leur rentrer dedans. La ceinture détachée, la rencontre avec le pare-brise ne loupera pas. Et voici que la belle a oublié ses cinq dernières années, ramenant son cerveau à ses années de FAC. Une vie à l'époque heureuse mais sans le bel étalon qui sera pour ainsi dire un pur inconnu à la sortie du coma. Le pitch est posé, il est certes basé sur l'histoire d'un véritable couple mais il va sans dire que les artisans d'Hollywood ont passé quelques couches de vernis dessus. Dans ce contexte, le travail du réalisateur Michael Sucsy est particulièrement ambitieux, nous intéresser à son histoire.
Le problème de Je te promets, c'est que l'on a de cesse de se dire qu'entre de bonnes mains, il y aurait eu la possibilité de faire quelque chose de pas si mal. Dans un autre style, Michel Gondry avait génialement adressé le sujet des retrouvailles d'un amour oublié dans le désormais culte Eternal Sunshine. Sauf que lorsque l'un est libre de son œuvre, poète de surcroit, et pas l'autre, en résulte un pur produit calibré enchainant sans scrupule tous les poncifs du genre. Pas un de manque à l'appel et si l'on devait se faire un listing en début de film de toutes les « événements » probables, il y a fort à parier que la liste serait intégralement cochée en fin de parcours. Depuis le retour de l'ancien copain profitant de la situation jusqu'à celui des parents avec qui elle avait rompu pour une raison mystérieuse (peut-être la seule intrigue du film), rien ne manque. Le beau Léo devra donc redoubler d'effort et se battre face à tout cet environnement hostile pour reconquérir le cœur de sa femme. Comme c'est beau.
Pourtant, si l'on se fait une raison de voir évoluer la belle et resplendissante Rachel McAdams face à un Channing rarement aussi nul (pléonasme), on l'est un peu moins lorsque Sam Neill et Jessica Lange apparaissent à l'écran, deux grands acteurs venus chercher leur chèque dans peut-être leurs pires rôles respectifs. Vis-à-vis de qui ils sont ou de ce qu'ils ont été, le film est une véritable honte. Passons. Enchainant les faux enjeux les uns après les autres sans qu'une bribe d'intérêt n'apparaisse, Je te Promets répond à son cahier des charges de manière indigente et il sera bien compliqué de le regarder sans avoir la tentation de faire autre chose en même temps. Efficace pour le public déjà convaincu en ne repoussant jamais l'improbable, il l'est tout autant pour les cyniques venus se conforter dans leur position. En ce sens, Je te promets fait le job, sans jamais tromper sur la marchandise ni tenter un consensus. Reste à savoir si vous êtes dans la cible ou non car si non, cette heure cinquante risque de vous faire vraiment du mal.