Connaissez-vous la justice restaurative ? Encadré par le « SPIP » (services pénitentiaires d'insertion et de probation), elle consiste à faire dialoguer victimes et auteurs d'infractions (concernées par la même affaire ou non).

Le but est double, éviter les récidives par la prise de conscience des tords causés mais aussi la réparation des troubles des victimes.

Après le très bon « Pupille », Jeanne Herry continue son exploration sociale des humains avec «Je verrai toujours vos visages».

Ce film quasi-documentaire et pédagogue met en lumière un procédé très peu connu et pourtant tellement pertinent.

S’il n’est pas évident de faire dialoguer le feu avec l’eau, les conversations -qu’elles soient tendues ou apaisées- entre agresseurs et agressés, peut libérer des émotions et faire prendre conscience mieux que n’importe quelle condamnation ou thérapie ne le ferait.

Ce dialogue très encadré et confidentiel est donc montré de fond en comble. Malgré quelques insistances et un côté qui peut sembler un brin naïf, le film est totalement enthousiasmant.

Le casting XXL est uni avec une volonté commune, mettre son ego de côté pour être aussi humble et juste que les autres. Le jeu est tellement convainquant que l’on en vient à oublier les acteurs (pourtant connus) et l’on croit participer aux réunions avec d’autres personnes.

Ces performances au naturel saisissant, offrent de grands moments d’émotions, de pleurs et de rage intense… Mais aussi de joie !

Si le point de vue de chaque camp est d’abord borné, lorsque la confiance opère (merci aux encadrants) cela permet de bien belles révélations et confidences qui font bouger les curseurs. On passe des reproches liés aux effets ravageurs sur les victimes d’infractions (commises par des étrangers ou dans le cadre familiale) à l’espoir qui renait et à la prise de conscience des deux côtés de l’enceinte de la prison.

Un bien bel hommage aux bénévoles qui permettent ces échanges, une superbe mise en lumière sur ce procédé gorgé d’espoir, une ode réaliste à la résilience au service de la société.

Quand la puissance des mots devient étourdissante et redonne foi en la nature humaine dans ce qu’elle a de mieux : le partage.

Assurément un des grands films Français de 2023 à ne pas manquer.

ATHMOS
9
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le 4 avr. 2023

Critique lue 16 fois

ATHMOS

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