Difficile de juger la réalisation d'un film faisant le choix de se concentrer presque exclusivement sur la parole des personnages, ne proposant pas tant d'autres moments ailleurs que dans la fameuse salle d'échanges, si ce n'est pour faire avancer le récit ou filmer certains protagonistes dans des moments-clés de leur « réparation ». Car c'est bien de ça dont il s'agit ici : de justice réparative, modèle peu connu pour aider les personnes victimes de traumatisme à se « soigner » à travers d'autres personnes ayant connu la même douleur. Résultat : une œuvre presque plus théâtrale que vraiment cinématographique, mais intéressante et sincère, traitant chaque personnage avec beaucoup de soin et de sensibilité.
Pas de jugement, juste l'envie de comprendre, d'observer, de donner la parole à chacun. Cela offre quelques scènes fortes, permet de mettre en lumière certains chocs dont on ne se remet jamais vraiment, de mettre des mots sur la souffrance... Cela pourrait être déprimant, c'est juste un peu triste et finalement presque optimiste, donnant vraiment envie de donner plus d'espace à cette technique à laquelle on a envie de croire. Casting émouvant et inspiré, qui réussira l'exploit (unique?) de placer quatre actrices sur cinq dans la catégorie César du meilleur second rôle, ce qui peut se justifier. Bref, si je continue de trouver le film un peu limité en matière de cinéma, cela n'enlève rien à ses qualités intrinsèques et au témoignage qu'il apporte sur un sujet important.