Bonjour les ami.es !
Un livre de plus de 1600 pages …Un roman… Un texte écrit par un géant français , né en 1802 à Besançon et qui illumina tout le dix- neuvième siècle…..Mais lisons ceci :
«Tant qu’il existera , par le fait des lois et des mœurs , une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers , et compliquant d’ une fatalité humaine la destinée qui est divine ;tant que les trois problèmes du siècle, la dégradation de l’ homme par le prolétariat, la déchéance de la femme par la faim,l’atrophie de l’ enfant par la nuit , ne seront pas résolus ; tant que , dans de certaines régions, l’asphyxie sociale sera possible ; en d’ autres termes, et à un point de vue plus étendue encore,tant qu’ il y aura sur la terre ignorance et misère , des livres de la nature de celui - ci pourront ne pas être inutiles ». Ces lignes furent écrites à Hauteville - House , en 1862. Ce célèbre exilé de la dictature du second empire qui résida longtemps dans une des îles anglo-saxonnes…..Ce phare intellectuel, ce poète ,cet homme politique et cet écrivain est , vous l’ avez deviné , Victor Hugo…Et le roman se nomme Les Misérables naturellement……
Évidemment, cette œuvre écrite est toujours tout à fait d’ actualité !
Est- ce le cas du film d’Éric Besnard , dont voici un lien pour en apprendre plus ?
https://www.cnc.fr/cinema/actualites/eric-besnard-cest-lhumanisme-de-victor-hugo-qui-minteresse_2498035
Nous sommes dans les tous premiers jours de l’ année 1815 …..Dans le sud - est de la France ….Un homme arpente les collines , solitaire et taciturne …Après 19 ans , il est libéré du bagne de Toulon dont voici un lien internet :
https://archives.var.fr/article.php?laref=13989&titre=de-memoire-d-archives-le-bagne-de-toulon
Il se nomme Valjean . Prénom Jean …..Vous allez, évidemment ou éventuellement, penser ….On connaît ! Les Misérables ! Victor Hugo ! Certes ! L’ astuce du réalisateur est d’ avoir la sagesse de ne traiter que les chapitres en lien avec la rencontre entre ce protagoniste, campé par Grégory Gadebois , et Monseigneur Bienvenu, incarné par Bernard Campan , qui vit avec sa sœur Batistine , campée par Isabelle Carré et Madame Magloire interprétée par Alexandra Lamy .
« …Il n’ y a pas d’ autre exemple en littérature d’ un livre qui crée autant d’archétypes.Gavroche , Cosette , les Thénardier …Hugo a créé des mythes .Dans la rue, si je dis « Cosette » ou « Gavroche », tout le monde voit qui ils sont , sans avoir lu le roman …… »( Extraits d’ un récent entretien d’ Éric Besnard au site CNC).
Evidemment , nous ne sommes pas surpris par ce long métrage soigné , académique et rural . Naturellement, nous suivons la lente mutation mentale de Jean Valjean catalysé par la bonté lucide de Monseigneur Bienvenu qui vit comme un prête humble et bienveillant.Cela écrit, le bel atout de cette œuvre cinématographique tiède et humaine , réside dans le cadrage au plus prêt des visages/paysages/ voyages psychologiques et poétiques des principaux protagonistes.Toutefois , il aurait été plus prégnant de développer les flashbacks qui illustrent la vie du jeune Jean Valjean ainsi que son long séjour au sein d’ un bagne depuis longtemps fermé.
Le mérite de ce long métrage, tranquille et contemplatif , est de traiter la question de la réinsertion sociale comme il est d’ usage de le présenter deux siècles plus tard ….
Imaginons. Imaginez .Vous sortez de 19 ans d’ un bagne où règnent les travaux forcés non rémunérés . Vous êtes enfin libre …Personne ne vous fait confiance….Comment réagissez - vous ? Je sais , il n ‘y a plus de bagne . Bon . Vous sortez de prison.Ah oui…de maison d’ arrêt …Et l’accueil est le même ..Défiance . Difficile de trouver un emploi …Que faites - vous ? Que fais- je ? Lire ou relire Les Misérables ? Bonne idée …Mais pour gagner une indépendance financière si vous n’avez pas de famille argentée , et cetera ….
Voilà le mérite de ce film. Loin des autoroutes du prêt à penser , du prêt à ostraciser,du prêt à exclure , il doit être vivifiant, nécessaire et indispensable de croiser le chemin d’ un être vivant éclairé , généreux et authentiquement humain et , surtout , qui met en adéquation ses idées avec leurs mises en application dans la vie quotidienne, qui dit puis qui fait à l’ unisson, qui est en harmonie avec les simples mises en d’équilibre avec le genre humain, bref , qui essaie de bien faire, le plus possible , à l’ instar de Jean Valjean après sa rencontre avec le bonhomme , le bon homme Bienvenu le pertinemment ainsi nommé !
Merci pour la lecture.
Gérard Michel