Le goût des autres
Jeanne Vaubernier, maîtresse du comte Dubarry, est présentée au roi Louis XV par l’intermédiaire de Richelieu et de la Borde. Maladroite dans ses déplacements et suscitant le rejet de la cour, particulièrement féminine, c’est pourtant un coup de foudre qui s’annonce et une entrée mouvementée dans l’entourage du roi, alors que sa succession est à l’ordre du jour.
Le voici ce film d’ouverture cannois et le retour de Maïwenn qui après son roi Cassel illustre une reine en soi. Avec une insoupçonnée réussite.
Comment passer du monde contemporain au passé en conservant le même ton? Impossible visiblement et durant les vingt premières minutes, cet apparent affront se vérifie par un ton limite vulgaire et l’on est pas loin de déclarer forfait se sentant totalement étranger à ce monde surréaliste d’une autre époque.
Sauf que Maïwenn l’a parfaitement compris : ce monde n’existe plus et autant le célébrer. Et de spectateur indifférent, la réalisatrice nous transforme en témoin direct de cette invraisemblance en soi avec une jeunesse bien plus lucide que les mesquineries, illustration avec le rôle du Dauphin et la place du présent royal à Jeanne pour son entrée dans la cour. Et de satire, le film va se transformer à une leçon de survie en soi dans un milieu hostile où l’amour et la haine se livreront un duel sans merci et une reconnaissance princière viendra livrer un premier verdict avant une issue moins glorieuse.
Le goût de la mise en scène de Maïwenn est absolument délicieux : son empathie envers Jeanne et une certaine analogie personnelle touchent; sa performance est à la hauteur de son personnage : à la fois discrète et exubérante. Et elle est surtout parfaitement entourée par un casting de haut vol. Si Johnny XV peut surprendre au début, son expression sur son issue est absolument stupéfiante. Et Pierre Richard parvient à toucher en plein cœur. Mais Palme personnelle au jeune Ibrahim Yaffa qui marque le véritable tournant niveau goût.
A recommander