Du point de vue de la spectatrice, j’applaudis la performance de ce film à plusieurs niveaux.
C’est inspirant de voir une artiste femme, comme Maiwenn, pouvoir réaliser autant de films différents et personnels. Cette filmographie témoigne d’une liberté de création qui ouvre le champs des possibles.
C’est enthousiasmant de constater qu’en France, une femme parvient enfin à rassembler un budget conséquent pour réaliser un film en costumes qui raconte, en plus, le parcours d’une femme.
Enfin, c’est excitant de voir la Maiwenn actrice s’autoriser un narcissisme débridé et jouissif. Oui les femmes ont le droit au plaisir, et le constater sur grand écran est une grande claque dans la gueule des autres femmes. Mais une claque salutaire, qui nous invite à oser aussi se montrer dans toute notre beauté de femme (et pas que physique d’ailleurs!).
Du point de vue de la femme, je suis bien moins enthousiaste.
Maiwenn donne l’impression de penser que son personnage de Jeanne du Barry « fuck le système » alors que c’est elle qui se fait (très) concrètement baiser. Son personnage ne déjoue pas le système oppresseur, elle adopte un positionnement qui lui permet de ne pas s’en sentir victime, ce qui est très différent. Elle parvient à trouver son espace de liberté au sein de l’oppression, ce qui constitue plus un mécanisme de survie qu’une véritable attitude émancipatoire. Le deuxième problème que j’y vois c’est que c’est malheureusement cette capacité des femmes à se suradapter qui a permis à ce système toxique de perdurer.
Des relations dans lesquelles les femmes doivent manipuler pour se faire une place et ou les hommes doivent exercer la violence pour maintenir leur pouvoir, n’est pas ce que j’appellerais une relation gagnant-gagnant.
Il me semble que les discussions féministes actuelles proposent de réfléchir à d’autres voies et je suis un peu déçue que la réalisatrice Maiwenn n’ait pas réussi à s’émanciper elle-même de cette vision étriquée des relations hommes-femmes qui méritent tellement mieux.