Un film en demi-teinte avec des parti-pris un peu spéciaux. Le premier « Jeepers Creepers » est plutôt pas mal comme petite série B à regarder sans trop de prendre la tête, même si je trouvais que ça ne fonctionnait pas toujours, sans vraiment mettre le doigt sur ce qui clochait. Un film qu’on regarde sans s’ennuyer, mais sans non plus frissonner... C’est en regardant le second volet que j’ai compris d’où venait le problème.


Dans une très grande majorité du temps, la créature dans ce type de film est une métaphore du prédateur d’enfants, les deux exemples parmi les plus célèbres qui me viennent en tête sont Freddy Krueger, et Ça, le premier venant perturber les sommeils innocents et le second terrifiant les petits bambins… On est exactement là-dedans avec le monstre Creeper, mais à la différence que – pour différentes raisons – ça ne fonctionne pas vraiment.


Creeper correspond bien à ce que représente une terreur enfantine, un monstre se nourrissant de la peur des enfants, c’est vraiment la créature tapie sous le lit vouant son existence uniquement pour te faire frissonner, et même te manger (Creeper survit en s’accaparant les organes de ses victimes.). Le souci est que ça ne fonctionne pas… Déjà, il y a un décalage persistant entre la nature de cette créature et le public visé pour ce type de film. Creeper est profondément pensée pour n’effrayer que des enfants non-pubères, avec ses grandes ailes de chauve-souris, c’est davantage un équivalent de monstre méchant de dessin animé, s’envolant à la vitesse de l’éclair, dont la silhouette apparaît sur la pleine lune brillante. Cette créature ne fait pas peur, à aucun moment. Le monstre, tel qu’il est représenté dans le film, n’est vraiment que l’image terrifiante qu’un enfant pourrait s’en faire, il n’a pas d’existence propre, réelle et construite... Tout cela est accentué par une musique assez typique des films de montres pour enfants évoquant davantage l’aventure et la peur, ce n’est pas du tout une musique de slashers angoissante. À côté de ça, le film se concentre sur un groupe d’adolescents/jeunes adultes, avec en prime, des scènes relativement gore et des dialogues souvent très crus…


Donc, on a affaire à un mélange des genres assez particulier qui, de mon point de vue, rend le film souvent ridicule. Même s’il n’est pas dénué de qualités (loin s’en faut). La réalisation est assez propre, à l’exception d’un procédé de mise en scène qui m’a particulièrement agacé : le fait de filmer les visages des personnes en train de regarder - éberlué et apeurer – comme pour créer un pseudo-effet de surprise sur le plan suivant... Sauf qu’on a déjà vu le monstre auparavant, et ce procédé est répété énormément de fois durant le film. Après, « Jeepers Creepers » se regarde très facilement, aucune longueur n’est à déplorer, beaucoup de bonnes idées sont présentes et sauvent le tout.


Par contre, j’ai découvert après le visionnage que le cinéaste a été condamné pour pédophilie, ce qui n’est guère rassurant au vu de l’analyse du métrage, surtout quand ce dernier nous explique que le monstre de son film représente la manière dont il se voit…    



BaronDuBis
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le 7 déc. 2022

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Baron du Bis

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