Inspiré de l'histoire vraie d'un trappeur, ce western renouvelait le genre en 1972 par son humanisme et son approche de l'homme face à la nature, dans une décennie qui reste la plus pauvre pour le western. Le héros incarné par Robert Redford est un citadin qui décide d'en finir avec l'univers trouble des villes et de partir vivre en solitaire au coeur des Montagnes Rocheuses, où il va comprendre la dure loi de la nature, rencontrer des Indiens et vivre une véritable odyssée.
Premier essai de western contemplatif, le film commence par une étude sur la survie en milieu hostile, glisse vers un climat lyrique, puis vers une méditation sur le paradis perdu. Hymne au sens aigu de la nature, filmé au coeur de paysages grandioses magnifiquement mis en images, Jeremiah Johnson n'est pas un western comme les autres, on y trouve ni romantisme, ni exaltation de l'héroïsme, ni aventure trépidante, ni chevauchées, mais un immense élan de liberté et de dignité humaine, pour lequel Sidney Pollack et Robert Redford ont passé de longs mois à la préparation. Redford en sortira tellement marqué qu'il aura l'idée d'installer en 1981 son Sundance Institute dans ces contrées isolées.
Parabole sur la civilisation et le retour à la vie sauvage, le film raconte les relations qui s'établissent entre un homme déterminé et le décor naturel qui l'entoure, le temps, le froid, le cours des saisons, les bruits ambiants, les animaux, les bons et les méchants indiens, le trappeur pittoresque Griffe d'Ours (excellent Will Geer) qui prennent alors une nouvelle dimension. Tout est finement analysé, sans excès ni manichéisme.
Le réalisateur fait bien ressortir que la nature est majestueuse et qu'elle inspire à l'homme un désir fou de liberté, mais qu'elle regorge aussi de pièges et d'une violence qui ne la rendent pas plus attirante que la société urbaine.
Oeuvre forte et âpre, qui bénéficie d'une combinaison de talents complices entre Redford et son réalisateur fétiche, ce parcours initiatique a donc de nombreux atouts, mais également quelques défauts, notamment une lenteur et quelques moments de vide qui par endroits m'ont un peu ennuyé, le ton n'est pas aussi lyrique que chez Jack London dont l'intrigue et le décor rappellent ses romans ; mais tout ceci est assez relatif, c'est une fable écologique qui reste quand même fascinante par certains côtés, et qu'il serait dommage de ne pas voir d'un oeil sensible.

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le 30 août 2017

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Ugly

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