Avant de commencer le documentaire, je me suis dit qu'il allait certainement être axé sur le témoignage acerbe, mélancolique et nostalgique d'un réalisateur qui n'a pas pu aller au bout d'un projet. Finalement, j'ai bien été content de me tromper.
Je ne connaissais Jodorowsky que de par la réputation de son célèbre El Topo. J'ai bien apprécié découvrir cet amoureux du cinéma qui possède une énergie très communicative. Son respect pour le cinéma en tant qu'art et sa capacité à tenter de dépasser les limites établies du 7e art forcent le respect.
On se rend vite compte de l'ambition du projet. Jodorowsky a souhaité marquer profondément le monde en lui offrant ce qu'il considère comme le film le plus important de l'histoire. Un film qui allait transformer des générations à tout jamais.
Il est assez amusant de constater que l'équipe du film s'est formée de manière très organique via une série de coups de chance parfois assez cocasses. Jodorowsky a su réunir une improbable bande de "warriors" qui ont pu tous apporter leur patte personnelle au film : Dali, Amanda Lear, Mick Jagger, David Carradine, Pink Floyd, ChrIs Foss, Dan O'Bannon, HSRuedi Giger,.... Il les motive et les encourage sans cesse pour qu'ils puissent se sentir en confiance et livrer le meilleur d'eux même, leur laissant une totale liberté d'interprétation.
Le documentaire nous immerge assez bien dans le projet via des animations de certains story-boards/artworks. Le résultat est assez impressionnant: ce cocktail créatif a été concentré en un livre qui décrivait très précisément chacun des aspects du film. Un travail de fourmis dont la qualité a été reconnue par l'ensemble des studios qui ont pu le tenir entre leurs mains; mais qui a tout de même essuyé un refus unanime. Trop long. Trop cher. Pas assez 2001. Oui mais pas avec Jodo. Le film et son créateur ne rentraient définitivement pas dans le moule de l'industrie.
"Un échec c'est un changement de direction"
S'il a été réconforté par la nullité du film de Lynch, c'est bien par l'action que Jodorowsky a pu se relever et poursuivre son oeuvre créative, notamment au travers de différentes pépites du 9e art (Incal, Méta-Barons).
Son oeuvre n'a d'ailleurs pas fini aux oubliettes. Le documentaire nous montre de nombreuses œuvres qui s'en sont ouvertement inspirées, reprenant des concepts, des vaisseaux, des idées de mises en scène, etc.
"Le Dune n'a fait que frôler la Terre mais il continue de disperser des spores dans notre imaginaire."
J'espère que nous pourrons effectivement voir le projet renaître de ses cendres via un film d'animation, comme l'a évoqué Jodorowsky. En attendant, j'ai relevé de nombreuses œuvres intéressantes que je compte bien découvrir au plus vite :
http://www.senscritique.com/liste/Jodorowsky_s_Dune_m_a_donne_envie_de_re_voir_ces_films/1250968
http://www.senscritique.com/liste/Jodorowsky_s_Dune_m_a_donne_envie_de_lire_ces_BDs/1251043