Quand l'envie laisse place à l'ennui

Allez, un nouveau Nicolas Cage ! Un de plus ou un de moins, on ne voit plus trop la différence. Il est vrai que ces dernières années, l'acteur a enchaîné les films de plutôt mauvais goût. Du coup, à chaque sortie d'un nouveau, on a comme l'impression que c'est la même affiche depuis des années. On n'a plus d'attentes particulières et on nous rabâche toujours le même scénario. Bref passons ! Nous sommes ici bien loin de tout ça. Car Joe se démarque d'emblée comme un drame psychologique fort et violent. Son affiche et sa bande-annonce attirent l’œil et nous pouvons de suite nous ruer vers nos salles obscures les plus proches pour savourer le moment.

La scène d'introduction a de quoi mettre l'eau à la bouche. Hélas, j'en viens déjà, il se passe ensuite une heure et cinquante minutes de pas grand chose. L'histoire de Joe, ancien taulard, qui tente de se réinsérer, de retrouver une vie sociale et stable. Il rencontre et se lie d'affection à un jeune adolescent hargneux et plein de bonne volonté, battu par son père alcoolique. Un classique, j'ai envie de dire, mais il y a toujours matière à faire quelque chose d'intéressant. Malheureusement, on se retrouve là devant un film qui peine vraiment à démarrer, très morcelé dans sa narration. Des morceaux de films par ci par là, que l'on peut déjà relier bien avant la fin. On a comme une fausse impression que le réalisateur maîtrise parfaitement son sujet, il veut faire au mieux, mais avec pas grand chose au final. Cela donne quelque chose de brouillon et sans structure, d'une platitude consternante. En bref, le film pourrait largement se résumer en vingt minutes.

Le duo d'acteur principal se montre plutôt convaincant, mention spéciale à Tye Sheridan, qui se place d'emblée comme un acteur en pleine progression. Je pense fortement que nous le reverrons d'ici peu de temps. Nicolas Cage, lui, n'est pas si fidèle à lui-même. Il est plaisant mais pas inoubliable, le fait est que les personnages en général manquent cruellement de profondeur. Joe est impossible à cerner. Entre bon papa bienveillant et poivrot dépressif et pulsionnel, son personnage est fâcheusement contradictoire. Certaines scènes nous le montrent, particulièrement celle du combat de chiens. Tout ça pour quoi ? Je vous laisse découvrir ! Pour ma part, il m'a été difficile de choisir entre silence gêné et éclat de rire libérateur... Le méchant est un "fou-méchant", rien de plus ; et la famille du jeune garçon aurait pu être un poil plus creusée, je pense entre autres à la mère et la sœur. Mais cela n'engage que moi après tout...

Le seul point positif parmi toutes ces imperfections est la réalisation. Je parle plus particulièrement de l'aspect visuel. Les paysages sont de toute beauté, la façon de filmer fait ressortir de manière élégante toute cette violence, qui ne demande qu'à se libérer. La bande-originale également est agréable, façon Nick Cave. Elle accompagne gracieusement une ambiance pesante, faussement finalement pour la plupart du temps.

Je m'attendais à quelque chose de fort et poignant, situé entre Des hommes sans loi et Les Brasiers de la colère, je me retrouve finalement avec une sorte de Léon à la campagne (attention, j'adore Léon !). Le film est à mes yeux trop plat, il tourne en rond pour un final non des plus séduisants. On se laisse embarquer tranquillement, pour laisser place à l'ennui puis enfin une vraie lassitude. Joe fait sans conteste partie d'un genre qui peine à se renouveler. Le résultat est trop approximatif et c'est sans retenue que je fais part de ma déception. J'ai tout de même mis cinq, mais c'est un tout petit cinq...
langpier
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le 13 mai 2014

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