Il y a quelques années Uwe Boll provoquait une nouvelle fois le buzz, non pas suite à un énième coup de gueule ou une adaptation de jeu vidéo encore « étonnante », mais grâce à son Rampage, bobine dissidente moderne très fortement empruntée de nihilisme, et dont le succès critique et commercial ne s’est pas fait attendre, tout comme pour sa suite.
L’une des choses les plus belles dans le cinéma, c’est lorsque des films se renvoient la balle, comme si nous assistions à un débat, chacun apportant sa vision de ce qu’est un justicier. Aussi, il faut savoir de quoi on parle. Le terme français « justicier », traduction faussement littérale, sonne de façon positive, à cause de « justice », à l’inverse du terme utilisé en anglais « vigilante », utilisé spécifiquement pour décrire les personnes usant de méthodes peu orthodoxes. C’est pour cette raison par exemple que des Watchmen, le seul à être qualifié de « vigilante », et non de super-héros, est Rorschach.
Bref, après Boll c’est au tour du réalisateur Kelly Dolen de nous offrir un nouveau point de vue, où la réflexion se concentre davantage sur la légitimité des actions extrêmes au travers d’un entretien avec le justicier à visage et coeur déc-ouverts, et usant d’un montage rappelant un peu Stoic, aussi de Boll (flashback/entretien).


Le scénariste Stephen M. Coates a bien travaillé son argumentaire, et pendant une heure et demie à peu près tous les arguments pacifistes sont lancés à John Doe (incarné par Jamie Bamber, sublime) par son interlocuteur (quant à lui incarné par Lachy Hulme tout aussi convainquant), qui les démonte joyeusement un à un, dans un récit philosophique primal mais pas primaire.
Évidemment la bobine choquera, sera inévitablement taxée d’appel à la violence, mais rappelons que la liberté d’expression artistique permet d’exprimer un point de vue, quel qu’il soit, de même que cinéma ou non, vos actes engagent votre seule responsabilité. C’est d’ailleurs en partie la réflexion du métrage, qui s’interroge sur l’impact de tels actes, une fois projetés dans la rétine d’adolescents accrocs à la petite lucarne, répétant ses actes plus par cruauté que par envie de justice. Notons d’ailleurs que bien que radical dans ses propos, le métrage se montre beaucoup moins graphique que Rampage, même si quelques passages heurteront les plus sensibles.
John Doe: Vigilante est le Mad Max des années 2010. Œuvre viscérale comme l’était son ainée, où la justice ne faisait pas dans la demie-mesure, elle nous prouve encore une fois que l’Australie est le pays le plus extrême en la matière, et surtout le plus novateur.


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le 17 août 2015

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