Je ne pense pas avoir eu l’excitation de certains face au projet Jojo Rabbit. Lorsque des potes impatients me disait que le prochain film de Taika Waititi raconterait l’amitié entre un enfant nazi et son pote imaginaire Hitler, je trouvais l’idée marrante, mais pas si envoûtante que ça. Rien dans la communication du film ne me donnait si envie. Je savais que j’irai le voir à sa sortie, mais pas au point de me rendre à l’avant-première avec la présence du réalisateur. Et pourtant, j’y suis allé, avec des potes, on est allé voir le fameux Jojo Rabbit qui excite tant de monde.


C’est vrai que sur le papier, Jojo Rabbit a tout pour plaire puisqu’il a le culot d’aborder un sujet assez sensible avec beaucoup d’humour. Jojo Rabbit, c’est l’histoire d’un gamin qui baigne dans la jeunesse hitlérienne et qui découvre que sa mère cache une jeune juive. Et justement, le choix de Waititi d’aborder ce sujet avec humour rend le film tout de suite plus accessible. Ça m’étonnerait que la moindre communauté se sente offensée par Jojo Rabbit tant il prend son sujet totalement au second degré sans pour autant dénaturer son message.


Jojo Rabbit baigne dans la légèreté, ne prend pas de ton moralisateur mais arrive sans problème à transmettre son message avec humour. Le fait par exemple que le meilleur ami imaginaire du jeune garçon soit Hitler en personne est un indice de l’embrigadement des jeunesses hitlériennes. Mais des fois, le film se permet des images qui pourraient choquer (comme une nazie qui dit à un jeune enfant d’aller faire un câlin à un américain pendant qu’elle cache une grenade dans son pantalon), et pourtant, ça ne choque pas (ou en tout cas, pas dans le mauvais sens du terme puisque le passage se révèle vraiment drôle).


De ce fait, l’humour permanent de Jojo Rabbit permet un tour de force assez spectaculaire dans la mesure où il réussit à rendre tous ses personnages attachants : nazis ou juifs. Là où je craignais en entrant dans la salle de me retrouver devant un film au manichéisme ultra prononcé, Waititi a désamorcé cette crainte en deux temps trois mouvements. J’étais persuadé que le personnage de Sam Rockwell était le méchant du film, même pas, pareil pour le personnage de Stephen Merchant. Même si les agissements de leurs personnages peuvent être cruels (Sam Rockwell forme quand même des jeunes à la guerre et Merchant est agent de la Gestapo), le film préfère montrer ces personnages comme étant des êtres naïfs, inconscients de l’absurdité de leur comportement. Tous les discours antisémites passent pour des insultes trouvées par un gamin de cinq ans plein d’imagination.


Mais même si, dans l’ensemble, Jojo Rabbit est une excellente comédie, il n’oublie pas de rappeler le contexte de l’histoire. Je disais plus haut que le film montrait quelques images choquantes, et qu’il arrivait justement, à ne pas les rendre choquantes (le petit qui cours faire un câlin à l’américain) ; mais justement, lorsque Waititi le veut, il sait montrer des images véritablement dures et rappeler la cruauté des nazis, notamment avec la place des pendus au centre du village qui revient souvent dans le film.


Donc voilà, Jojo Rabbit, même si je ne le trouve pas non plus incroyable, je dois reconnaître la justesse avec laquelle il traite son sujet et que le portrait d’Hitler est plus qu’hilarant. Une bien belle fable, légère et poétique, avec un jeune acteur vraiment convaincant, une Scarlett Johansson charmante comme elle ne l’a jamais été et un propos véritablement humain et universel. Bref, une jolie réussite.

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le 25 janv. 2020

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James-Betaman

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