Joker se focalise sur la naissance du Joker, qui est au départ un homme, Arthur Fleck, souffrant de troubles mentaux. Arthur est clown dans une agence spécialisée. Il ne cherche qu’à faire rire les autres, à les faire sourire, à essayer de les comprendre pour se lier à eux. Pourtant, Arthur est rejeté par tous, les autres hommes, qui voient en lui un fou et par le gouvernement américain, qui décide de réduire toutes les dépenses sociales. Tout ceci fait qu’Arthur apparaît véritablement pour le laissé-pour-compte de la société américaine, ce qui a fait naître petit à petit en moi une profonde sympathie pour le personnage.
Pourtant, quand je découvre Arthur Fleck, c’est un sentiment de malaise qui naît en moi. Sa manière de parler, son rire m’ont tout de suite mise mal à l’aise. Bien que ce sentiment disparût, j’ai vite compris qu’il venait du fait que je n’y connaissais rien sur les maladies mentales, notamment lorsqu’Arthur écrit : « Le pire quand vous avez une maladie mentale c'est que les gens aimeraient que vous fassiez comme si vous n'aviez rien. ».
La performance de Joaquin Phoenix est complètement bluffante : si Arthur cherche au départ à prouver aux autres qu’il peut lui aussi réaliser ses rêves, la violence physique et psychologique des autres à son égard fait qu’Arthur ne cherche plus qu’à se venger. Un aspect que j’ai trouvé très subtil dans le film est le fait de presque « légitimer » le désir de vengeance d’Arthur, étant donné ce qu’on lui a infligé. Le Joker ne naît qu’à partir du moment où la vengeance d’Arthur est accomplie et que son désir de vengeance se transforme en pure méchanceté.
Dans ce qui sert aussi beaucoup le film, il y a les plans de Todd Phillips, les scènes dans le métro ou la danse d’Arthur sur le grand escalier, les performances de Robert De Niro, la grande vedette télé (belle référence à La Valse des pantins de Martin Scorsese) et de Zazie Beetz, la petite amie d’Arthur Fleck. Le tout est porté par une bande originale qui ajoute un côté apocalyptique au film, avec cette impression de courir vers la catastrophe pour finalement atteindre le chaos.