Le rire jaune

Loin des sentiers battus ( que j'apprécie peu) de Todd Philips, on nous avait promis un nouveau chef d'œuvre de l'univers de DC comics. Et sincèrement, c'est le cas. On se retrouve dans un univers proche de celui que Nolan avait déjà montré, mais avec une noirceur encore plus pesante. Dans ces décors sombres et crasseux se dégage peu à peu le joker, au fur et a mesure qu'il se construit. La difficulté était de déconstruire Arthur Fleck pour créer petit a petit le Joker. Et cette déconstrution, aussi lente soit elle permet au spectateur de comprendre le processus inévitable de la folie, sans jamais pouvoir prédire complement la suite. La musique, les couleurs, la tensions évoluent de manière cohérentes en accord avec le personnage.
Un personnage qui d'ailleurs n'a pas de logique, qui n'a pas de but, qui n'a pas de sens. Tout ça montré par ces gestes

"" Enfin, la naissance du Joker, illustrée dans une référence biblique, est simultanée avec celle de Batman, signe à mon sens l'apothéose du film, quand on sait le caractère indissociable de ces deux personnages.''''

Deuxième visionnage le 21/10/19 :
Je me devais d'aller le revoir et le plaisir était encore meilleur . Ce film est une chorégraphie tout le long. Chaque plan a une symbolique bien particulière. Les couleurs ont un rôle essentiel dans ce film. Le jaune, symbole de la folie , est représenté crescendo jusqu'au point de non retour. Quand le joker nait, le jaune disparaît car le joker EST la folie . Il y a aussi le vert, synonyme pour moi de l'absence de remords, de perversité , qu'on retrouve pour la première fois dans les toilettes publics lors d'une célébration absolument splendide en dansant.
Et puis, il y a ces escaliers, chemin vers la lucidité , pénibles à monter, pour retrouver cette misérable vie dans ce misérable appartement( le jaune est d'ailleurs très peu présent une fois en haut, sauf lors de sa dernière ascension, où la folie rejoint la réalité ). Et c'est à ce moment précis que le joker nait, quand il danse et piétine ces escaliers pour la dernière fois, descendant vers un monde rempli de folie, qu'il va prendre plaisir à détruire.
Bref, rien est laissé au hasard et c'est ce qui fait de ce film un chef d'œuvre .

Certains vous diront que c'est un film politique, anti-riche. Et je ne suis absolument pas d'accord. C'est bien tout le principe du Joker, il ne tue pas ces 3 types car ils sont riches, il les tué simplement par vengeance, puis par mépris et par rébellion. Et c'est ce qu'il aime, le chaos, c'est par ça qu'il existe.