Très inquiet dans les premiers temps de l'annonce d'un nouveau film sur le Joker et jusque là très heureux de la prestation offerte par Heath Ledger dans l'excellente trilogie Nolan, j'ai eu peur de voir un énième film de grand spectacle sans fond ni intérêt.
J'ai eu peur, également, quand j'ai vu que Todd Philipps allait le réaliser, il faut dire que la qualité, ce n'était pas son point fort.
Mon avis s'est très rapidement modifié quand j'ai vu le film.
J'ai été embarqué dans la vie d'Arthur comme un bleu. La prestation de Joaquin Phoenix est à la hauteur du grandiose acteur qu'il est, (l'oscar, vite !) et la photographie est à tomber de son fauteuil de cinéma tant le jeu des lumières est dingue.
Le film glisse petit à petit, à mesure qu'Arthur n'arrive plus à contenir la folie qui habite son âme. La symbolique de l'affiche d'ailleurs s'explique : quand il est cet être fade et rejeté, il monte, porte le poids d'une vie en société écrasante, quand il devient Joker, il danse et il descend les marches, faisant fi des règles et des conventions.
Un film sur le chaos porté par un personnage chaotique, qui, pour vivre, décide de s'affranchir de tout.
Un film au climat anxiogène, qui ne laisse pas respirer le spectateur, même dans ses moments creux. Gotham, qui ressemble fortement au New-York de Taxi Driver est une ode à Scorsese.
Loin des poncifs des films qui n'en sont pas (Marvel, les autres horreurs de la DCU) Joker est un quasi film d'auteur, un drame emporté, une critique d'une société binaire qui sépare riches et pauvres, la critique aussi du système médical. A boulets rouges, le film dénonce.
Fabuleux.