Alors, je fais pas partie des gens qui ne mettent pas de 10/10 par principe. De 1 parce que j'ai 6 ans et demi dans ma tête et que quand j'aime bien quelque chose je le note à fond, et de 2 parce que je ne suis pas critique cinéma, je m'en branle, j'ai adoré, fichez moi la paix merde, olala ces gens qui parlent là, insupportable. Ouf... je me calme. Nan en vrai allez-y. Maintenant.


On connait un peu ce réalisateur, on sait par exemple qu'il n'a rien à voir avec des films comme celui-ci. Un peu comme Jordan Peele qui d'un coup se révèle être un virtuose du cinéma d'horreur. Pour le coup je ne crains pas de dire que ce film est un chef-d'oeuvre, et dans tous ses aspects : jeu d'acteur, photo, costumes, scénario... tout. Vraiment, pour moi, c'est un sans faute. En tant que grande, grande fan du personnage du Joker je suis entrée dans la salle avec l'étrange sentiment qu'on rendrait enfin hommage à mon méchant préféré. En fait c'était évident depuis le début que ce film serait une réussite. Je ne sais pas vraiment pourquoi..


Bref, bref, alors, en gros on suit Arthur Fleck, comédien-clown-humain, raté. Il est gênant, pas drôle, et souffre d'un handicap vraiment spécial : il rit aux éclats dans une situation de stress. Alors dans un Gotham comme on l'aime c'est à dire pourrit jusqu'à l'os, il évolue, erre, traine son corps maladivement maigre et tuméfié. Chaque mouvement qu'il fait, chaque parole lui semble arraché de force, tout ce qu'il fait est fait dans la douleur. Et c'est tellement bien rendu. Joaquin Phoenix tient là un rôle magistral taillé pour et par lui. Lui et le Joker ne font qu'un et le cocktail est détonnant, tout est douloureusement juste. Et il parvient à dépouiller le rire de toute son essence, de toute joie. Car lorsqu'il rit, ce Joker souffre le martyr. C'est dur, ça fait mal, c'est parfait. Il va se passer de nombreuses péripéties qui vont l'amener vers sa forme finale, celle que l'on connait et que l'on adore. Tout cela dessiné sur un fond de Gotham réaliste et très sombre. Dans ce film cette ville a presque l'air d'exister. C'est subtil, c'est des petits panneaux discrets ou l'on peut deviner par exmeple "Gotham Bank", ou le très neutre Arkham Hospital. Il ya des tags, des endroits dégueulasses, des panaches de fumées comme si Gotham était un monstre crasseux et ronflant que le Joker finira par réveiller. Les lumières sont magnifiques et même le beau temps est triste, on sent qu'on s'approche doucement de l'hiver et subtilement on sent l'écho fait entre ce temps et l'esprit d'Arthur qui finit de sombre complètement et finalement s'épanouir tout en bas. Et tout du long on sait qu'il va devenir le Joker, on prend un malain plaisir à le voir naitre et à se dire finalement "aaaaah, il est là".
Ce film est aussi un angle d'attaque sur le thème de la maladie mentale et il le fait très bien. On ne sait pas exactement ce qu'est le joker, un psychopathe, un sociopathe, un schizophrène ? Quoi qu'il en soit son détachement du réel est très bien rendu, il a des bouffées délirantes, des moments d'angoisse et de détresse profonde. C'est là alors qu'il rit. A gorge déployée. La maladie se manifeste dans cet échec qu'il a à réussir dans la vie, à ces moments de déconnexion totale, à ses fantasmes, cette dépression profonde, etc..
C'est ce Joker là que je voulais voir.
On trouve une critique acérée de la société, de la réussite et du succès. On ne fait pas confiance aux riches dans ce film. Comme on ne fait pas confiance à l'esprit malade du Joker. Il parle aussi de notre rapport à la comédie, aussi à notre rapport à ceux qui sont différents, à la violence, au mensonge et à l'angoisse. Parce qu'en plus d'être un bon film, c'est un beau film. Malgré son visage amaigri, et son corps squelettique, ce joker est beau. Il parle derrière l'écran de fumée projeté par sa cigarette, s'arrache difficilement des mots. Et enfin, on ressent le chaos dont parlaient les autres Jokers. On ne sait plus, comme Arthur, on est perdu, on ne comprend plus.


Techniquement parlant on peut dire que c'est très bien géré. Le montage offre souvent des petites transitions subtiles mais qui racontent à leur façon le tourment du personnage. Des travellings amples et enjoués quand il rêve, des plans glaciaux et fixes quand il ne rêve plus. Un cadre débullé quand il se met à sombrer, et paradoxalement, à grandir. La photo je n'en parlerais même pas, il faut le voir de ses propres yeux, certains plans m'ont choqués tant ils étaient beaux.


Voila. C'est une assez mauvaise critique mais je pense en avoir fait le tour, c'est un film magnifique, je suis ravie de l'ajouter au palmarès des films réussis avec le Joker (déso Jared pas toi). Vraiment, allez le voir, car même si vous n'aimez pas les super héros, ce n'est pas un film de super héro, c'est un film sur la vie. Et somme toute assez gilet jaune friendly.
Bisous


Ps : alors j'ai eu la merveilleuse chance de me retrouver à côté d'un voisin un peu zinzin (haha), qui a quand même trouve intelligent de dire "voilà ce qu'il se passe quand les mecs bien se font emmerder et révèlent leur coté sombre", tout en sirotant son coca... Alors cher voisin, tu n'as rien compris à ce film, le Joker n'est pas un mec bien.

FRINXXNIRF
10
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le 9 oct. 2019

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FRINXXNIRF

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