Il y aurait tellement à dire sur ce Joker ... en bien et en mal.


En bien: la performance de Joaquin Phoenix est superbe. Monstrueux de justesse dans son incarnation de la détresse et du handicap incompris. En bien, et en mal: ces plans icôniques que l'on ne finit plus de compter, tant ils sont nombreux: les marches, le "couronnement" symbolique, l'entrée sur scène ... et ce final à l'imagerie onirique. C'est à la fois l'une des cartes de visites inoubliables de l'oeuvre, et quelques part ce qui l'alourdit un peu en le rendant démonstratif: de très belles images, qui à bien y réfléchir paraissent un peu vaines, à trop marteler le propos de son personnage principal. En mal: le parti pris de tout raconter selon la perspective d'Arthur Fleck. Cela ne laisse finalement que peu de place à l'ambiguité: j'aurais aimé qu'ils maintiennent une histoire teintée de mystère quant à la véracité de ce qui se passe, et ce qui s'est passé en laissant justement transparaître, même par bribes, les ressentis des autres personnages.


En mal aussi: les autres .


On comprend que tout soit centré sur Arthur, et malheureusement, je trouve que le reste du casting fait de la figuration, y compris De Niro, qui endosse la figure paternelle idéalisée et finalement décevante pour celui qui l'admirait plus que tout. Dommage également d'avoir à ce point accentué le portrait misérabiliste d'Arthur Fleck: il est handicapé, il perd toutes ses sources de revenus, il est moqué de tous sur ce qu'il considère être son talent, y compris par son idole ...


La relation parentale revient souvent au centre des thématiques du film, sans toujours être traité de la meilleure manière.


Le lien entre Thomas Wayne et sa mère par exemple, de mon point de vue, aurait gagné à être gardé non éclairci, en zappant la scène où il découvre le diagnostic effectué sur elle lors de son internement, le personnage aurait encore davantage été humanisé, torturé par les doutes sur son identité.


Enfin, mais ce dernier aspect est plutôt à reprocher à la promo du film: le matraquage qui l'a entouré est (comme souvent) minable. Survendu comme un oeuvre révolutionnaire qui transcenderait les adaptations de comic-books, lancé dans des pseudo débats sur la violence excessive (j'ai ri en lisant les divers posts à ce sujet à sa sortie, encore plus après avoir vu le film).


Il y a encore beaucoup à dire là-dessus, mais je salue la volonté de créer une origin-story pour un personnage populaire, en le détachant de ses ramifications super-héroïques. Ce n'est pas complètement réussi (il a quand même fallu raccrocher les wagons, avec la chauve-souris et sa propre origin-story, histoire de rappeler que ça reste lié au justicier gothamien), mais il y a de bonnes idées. Un grand bravo à Joaquin Phoenix, un petit bravo à Todd Philipps qui aurait pu mieux faire et mieux écrire.


En espérant qu'ils ne fassent pas de Joker 2, ce serait tuer les intentions nobles de ce film. Mais je rêve pas, money first.

Créée

le 3 janv. 2020

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