Film surpuissant, d'une grande beauté cinématographique, en tout cas du point de vu de ma sensibilité : la beauté du vrai. Cette vérité ne cessant de m'éclabousser à chaque visionnage, me parcourant de frissons devant la splendide décadence du Joker. Véritable tragédie, d'une obscurité rare, non pas de par les idées de mise en scène qui sont lumineuses, mais davantage dans les propos mis en avant. Reflet des troubles de notre société contemporaine, mais plus globalement des failles de l'âme humaine, ce film ne tombe pas dans le jeu du manichéisme, ce qui est d'autant plus un exploit quand il s'agit de faire un film sur le Joker, figure majeur du mal incarné dans les consciences collectives. Quelle audace, quelle génie.
Non, Arthur Fleck n'est pas le mal incarné. Autant victime que responsable, autant brillant que décadent, autant beau que laid, le Joker dans ce film n'est peut-être rien d'autre qu'une des meilleures métaphores de l'âme humaine au cinéma, qui, malheureusement, semble de toute évidence vouée à chavirée, l'intelligence humaine ayant atteint les paliers de la destruction. Entre perte de compassion, hypocrisie des instances du pouvoir (récupération politique, médias), malaise sociétal, c'est un également un portrait très réussi de notre temps.