Suite des pérégrinations de Joséphine incarnée par Marilou Berry dans cette
nouvelle comédie Joséphine s’arrondit, où la trentenaire hystérique va
connaître les joies mais surtout les galères d’une femme dont la grossesse
n’était pas prévue. Analyse d’un petit naufrage.
« Synopsis : Depuis deux ans, Gilles
(homme-parfait- non-fumeur- bon-
cuisinier-qui aime-les- chats) et Joséphine
(fille-attachiante- bordélique-mais-
sympathique) s’aiment. Tout est parfait.
Jusqu'à une nouvelle inattendue : ils
seront bientôt trois. Ne pas devenir
comme sa mère, garder son mec et
devenir une adulte responsable, tout un
tas d'épreuves que Joséphine va devoir
affronter, avec Gilles... à leur manière. »
Revenant sur toutes les phases de la grossesse : la conception, la découverte de
la grossesse, l’acceptation, l’annonce à sa famille et la préparation de
l’accouchement, Marilou Berry nous livre ici l’histoire d’une jeune femme qui
doit apprendre à grandir et devenir une mère responsable. Beau projet pour la
fille de Josiane Balasko dont c’est le premier long métrage, et qui était un peu
attendue au tournant étant donné son background familial et ses premiers pas
réussis dans la grande famille du cinéma français. Seulement voilà, malgré
toute la sympathie que nous pouvons avoir pour l’admirable interprète de
Mélanie dans Vilaine ou Lolita dans Comme une image, il faut bien l’admettre :
cet improbable Bridget Jones façon Les Bronzés est un raté.
Le fil scénaristique est bien trop pauvre, il enchaîne les plans et les situations
convenues et clichées, si bien qu’on est, au mieux dans un téléfilm, au pire
dans une minisérie télévisuelle style « Nos chers voisins ». Le film est un
abécédaire linéaire un peu bêbête de la grossesse, de la conception jusqu’à
l’accouchement, enchaînant les situations vues et revues, en moins bien…
Joséphine en pleurs sur son pot de glace, l’annonce de sa grossesse à la famille
sur fond de quiproquo, l’accouchement en délire avec le père absent,
« l’intrigue » secondaire de la meilleure pote qui entre dans une relation avec
un autre personnage de l’histoire… Que de lieux communs…
Les personnages sont excessifs, sur joués, au point d’en devenir vulgaires et
pathétiques. On essaiera de ne pas trop blâmer les comédiens pour leur
performance tant le costume qui leur avait été (mal) taillé s’annonçait comme
une partie jouée d’avance. Le Jules de Joséphine (Mehdi Nebbou), ce grand
beau dadet timide et dévoué qui tombe dans le ridicule dès que la moutarde lui
monte au nez, Chloé la meilleure amie (Sarah Suco), éternelle ado célibataire
hystérique (cette scène de de pleurs en balbutiant du Patrick Bruel… quel
carnage)... Et que dire de cette brochette indigeste de troisièmes rôles qui se
donnent la réplique : Josiane Balasko en mère tradi prout prout de Joséphine,
Medi Saoun le gynéco sexy mature alter ego de l’instable Chloé, Victoria Abril
la mère hippie de Gilles, Zahia (oui vous avez bien lu) la tentatrice fatale…
Au milieu de ce ballet comique grotesque, Joséphine y apparaît comme la
danseuse étoile dont les sautes d’humeur se rapprochent plus de la
gesticulation clownesque qu’autre chose. Psychologies survolées et clichés…
C’est d’une boucherie sans nom.
Le film est incomplet, car il y manque ces petites moments de sentiments vrais
dans le fil comique qui touchent le spectateur en plein cœur et permettent de
lui délivrer l’essence fondamentale du film, ces moments où l’on oublie un
instant la blague pour se concentrer sur l’essentiel. Cette engueulade entre
Joséphine et Gilles, où chacun expose dans la douleur ses difficultés
personnelles dans la préparation de l’accouchement, aurait pu être l’un d’eux.
5 petites secondes d’espérance qui volent en éclat dès que leur discussion est
interrompue par leur prof de gym lourdingue. Frustrant.
Dans ce magma comique chaotique, il en ressort cependant quelques moments
drôles qui vous arrachent un sourire, au mieux un ricanement, notamment
cette scène de réconciliation sous-titrée entre Joséphine et Chloé en sanglots,
ou cette échographie illisible à cause de sa « couche de gras »… Marilou a du
talent c’est indéniable mais là ça ne marche pas.
C’est donc une première expérience ratée pour la réalisatrice Marilou Berry qui
aura voulu faire rire, peut-être trop. Car forcer le rire ça tombe bien souvent à
plat, ça tire des grosses ficelles et ça fait flop. Tiraillée peut-être par ses
influences familiales et artistiques, Marilou nous sert donc un suspicieux
Bridget Jones façon Les Bronzés (troisième volet, même pas le premier) qu’on
essaiera de vite oublier. Sur joué, survolé, surexcité… beaucoup trop de « sur »
pour ce sous film à ranger au rayon des Camping 2, Jet Set, et autres comédies
obscures. Passez votre chemin et c’est votre fin de mois qui devrait s’arrondir.