Accusée, levez-vous ! Sofia Coppola, née le 14 Mai 1971 à New-York, vous êtes soupçonnée d’avoir réalisé un très bon film, Somewhere.
Après Virgin suicides, Lost in translation, vous récidivez sans état d’âme. Qu’avez-vous à dire pour votre défense ?
Somewhere, c’est l’histoire de Johnny Marco, interprété par Stephen Dorff (Public ennemies, XIII), star hollywoodienne de son état. Johnny est une superstar mais Johnny est bien esseulé dans sa gloire dont il paraît se lasser éperdument. Il passe son temps à tourner en ronds dans sa Ferrari noire, à payer des strip-teaseuses pour faire le show dans sa chambre d’hôtel et à coucher à droite à gauche avec la plupart des jeunes femmes qui l’entourent. Vu comme ça, Johnny a l’air d’un salaud. Loin s’en faut, il trouve la rédemption auprès de sa fille, jouée par Elle Fanning (Benjamin Button, Babel) qui l’accompagne dans tous ses déplacements.
La réalisatrice s’attache à montrer toute la bonté du personnage et la tendresse du regard qu’il pose sur les femmes en général dans tout ce qu’elles réalisent. Le spectateur comprend alors au fur et à mesure qu’on arrive à la fin de la bobine que Johnny est un type profondément bon.
Servi par un jeu d’acteur millimétré, le film est hyper efficace. Stephen Dorff joue à merveille le gars qu’on admire pour ce qu’il fait, mais surtout celui qu’on admire pour ce qu’il est car l’idée de Somewhere est bien là.
Johnny doit choisir entre une vie pleine de mensonges et de faux semblant à l’image de son métier d’acteur superstar et une vie de sincérité où ce sont les moments vrais partagés avec sa fille et ses vrais amis qui sont importants.
Dans la filiation de Lost in translation, le film montre très souvent des scènes sans dialogues où le jeu des regards, des non dits et la symbolique des gestes et de la réalisation sont maîtres. Les fans de Sofia pourront s’en trouver un peu lassés ou au contraire enchantés.
Les scènes de strip-tease, loin d’être des morceaux de perversion, sont empreintes d’une tendresse toute particulière de Johnny Marco et du spectateur pour ces femmes qui se produisent loin des projecteurs des studios hollywoodiens et qui livrent une prestation parfois proche de l’amateurisme.
Sofia nous livre souvent tout au long du film des scènes cocasse de la vie d’une star de cinéma (on pense à cette fameuse scène de maquillage où Johnny est transformé en vieillard) et n’en rend son film que plus touchant.
La bande son est en revanche beaucoup moins caractérielle que dans les précédents films de Sofia, on notera que c’est le groupe français Phoenix qui est à la manœuvre pour celle-ci (quand le chanteur est le compagnon de la réalisatrice, ça aide).
Sans aucun doute Somewhere, le dernier film de « la fille de », restera l’un sinon le film marquant de ce cru filmique de la Mostra 2010. Acclamé par le public vénitien lors de sa première, le film remporte le lion d’or, succédant à Darren Aronofsky et son touchant « The Wrestler ».
On vous voit venir, « ouais mais Tarantino c’est son ex, normal qu’elle gagne».
Non non. L’interressé s’est défendu de tout traitement de faveur et a loué « les qualités artistiques » du long métrage.
Puisqu’on vous dit que Sofia n’est pas qu’une « fille de » et « une ex de »…