«Vous pouvez tuer un révolutionnaire, mais vous ne pouvez pas tuer une révolution.» Voilà ce que déclarait Fred Hampton, célèbre militant du Black Panther, tué dans son sommeil en 1969 sur l'ordre du FBI et dont Judas and the black Messiah retrace le destin tragique. William O'Neal, un petit malfrat qui se fait passer par un agent du FBI pour voler des voitures, est enrôlé par le FBI pour devenir un informateur au sein des Black Panthers. Pour éviter la prison, il accepte de les infiltrer pour faire tomber Fred Hampton le jeune et charismatique leader du mouvement en Illinois, à la fin des années 1960. Le film tresse les destins croisés de ces deux hommes dont l’un est une figure christique du mouvement Black Panther et l’autre Judas, celui qui trahit, le préféré, devenu le bras droit de Hampton, chargé de la sécurité.
Le film très engagé de Sasha King a permis au très charismatique Daniel Kaluuya de rafler le prix du meilleur second rôle masculin. Il interprète le leader Black Panther Fred Hampton, extraordinaire orateur qui galvanisait les foules, devenu aux yeux du FBI l'homme à abattre. Sa composition d'une humanité et d'une intensité impressionnantes méritait d'être distinguée par l'Académie.A noter que son rival et néanmoins ami Lakeith Stanfield (ils ont joué déjà ensemble dans Get out) concourait dans la même catégorie aux Oscars. Dans la peau du Judas, il exprime toute la complexité d'un traitre peu à peu gagné par les idéaux de Hampton et rongé par la culpabilité.
Judas and the Black Messiah explore l'histoire impitoyable de la répression des mouvements contestataires aux Etats-Unis. A l'heure du mouvement Black Lives Matter et du procès sur la mort de George Floyd, ce film prend une résonance particulière dans sa dénonciation virulente des injustices raciales, des violences policières et du racisme endémique des institutions américaines… jusqu’au patron du FBI J. Edgar Hoover qui ordonna l'assassinat de Hampton. Un film coup de poing porté par deux formidables comédiens.
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