Juno,une lycéenne,tombe enceinte d'un camarade de classe.Trop jeune pour élever un enfant,elle renonce à avorter et décide de confier le bébé à des adoptants.Son choix se porte sur Vanessa et Mark,qui forment le couple idéal.Mais évidemment le couple idéal n'existe pas et tout ne va pas se passer comme prévu.Deuxième long-métrage du canadien Jason Reitman,fils d'Ivan,"Juno",produit entre autres par John Malkovich, est surtout l'oeuvre de sa scénariste Diablo Cody,qui a obtenu pour ce film l'Oscar du meilleur scénario.Ancienne strip-teaseuse,puis blogueuse et romancière,Diablo est une figure atypique de la culture pop américaine des années 2000,et son script ne manque ni d'originalité ni de qualités d'écriture,notamment en ce qui concerne les dialogues,constamment décalés et drôles.Reitman procède par des scènes courtes et signifiantes bien calibrées,qui s'enchaînent avec fluidité et utilisent à merveille les décors rustiques du Minnesota et le potentiel auditif d'une bande-son vintage.Le personnage de Juno est de toutes les scènes et se situe au centre du dispositif.Le contrepoint entre un environnement des plus réaliste et des protagonistes complètement décalés fonctionne parfaitement.Les réactions des intervenants sont toujours inattendues et les répliques qu'ils balancent à tout-va sont systématiquement marquées du sceau d'un humour insolent,ironique et cynique.Forcément,des gens tels que ceux qu'on voit ici sont improbables mais c'est ce qui fait le prix de cette fiction.Juno est une adolescente d'une maturité étonnante,mais son inexpérience lui vaudra bien des déboires,ce qui ne l'empêchera pas de tracer sa route avec une volonté de fer.Naïve face au sexe,désemparée face à l'amour,dégoûtée face à l'avortement,rétive à la maternité et dépassée par un monde des adultes qu'elle ne comprend pas,elle parviendra cependant,armée d'un recul salutaire sur elle-même et les autres,à surmonter les embûches placées sur son chemin.Dommage qu'au final tout ceci aboutisse à une promotion de la GPA,ce qui est un peu décevant au vu de ce qui a précédé.La distribution,mi-canadienne mi-américaine,porte le film avec talent,à commencer par la très douée Ellen Page,nominée à l'Oscar de la meilleure actrice pour ce rôle.Il est regrettable que la donzelle,camée à la dégénérescence woke,non binaire,végane et toute la panoplie,ait fini de fondre les plombs pour s'affirmer depuis 2000 comme étant un garçon nommé Elliot,un sacré gâchis.Michael Cera est impérial en petit ami calme et impassible,qui accepte sans broncher les décisions de sa copine.Le couple de bobos en mal d'enfant est interprété par un Jason Bateman inspiré en adulescent décontracté bloqué sur ses rêves de jeunesse et une Jennifer Garner idéale en executive woman stressée et autoritaire.J.K. Simmons est d'une humanité bouleversante en père compréhensif et Allison Janney très bien en belle-mère rugueuse mais au fond aimante.Sans oublier Olivia Thirlby,extrêmement marrante en meilleure amie extravertie.