Je lis beaucoup que c'est un remake de 12 hommes en colère. Or en réalité ça n'a rien à voir, dans 12 hommes en colère le juré 8 est une sorte de Confucius ou Lao Tseu habité par une quête de justice et obéissant aux doutes que son cerveau lui légitime. C'est un personnage presque surhumain.
Ici c'est un copier collé (volontaire ou non, on ne le saura jamais) à 80% du 7e juré de Georges Lautner. Les 20% de différence se situent principalement dans le fait que chez Lautner, Bernard Blier est coupable d'homicide involontaire après tentative de viol (idée reprise dans Dupont-Lajoie quelques années plus tard mais avec la justice populaire en lieu et place de celle de l'État) alors que Nicholas Hoult est chez Eastwood coupable d'un malheureux accident de voiture.
Dans les 2 cas, le personnage principal est tiraillé entre la peine d'avoir causé la mort d'une personne, les scrupules à laisser un innocent payer à sa place, et enfin la peur d'affronter la prison. Ils sont donc condamnés à convaincre les autres jurés de déclarer un suspect que tout accuse non-coupable, mission quasi impossible.
Léger spoiler des 2 films pour les besoins de la comparaison :
Autre différence notable : Chez Lautner, Blier s'en veut tellement d'avoir tué la victime, et de laisser enfermer un innocent, qu'il finit par avouer. La satire sociale entre alors en jeu, car malgré son geste courageux, la bonne société de province l'exonère de son crime et entrave sa quête rédemption.
Chez Eastwood, on est dans un drame plus terre à terre où un jeune futur papa ne peut se résoudre à laisser sa femme seule et un enfant orphelin paternel. Attitude très humaine, où le cerveau vient masquer l'égoïsme de la décision en le justifiant par un biais factice. Car en réalité, rien ne dit que sa femme ne se serait pas remarié et l'enfant aurait pu avoir eu tout de même une belle vie, avec un père de subsitution. La vérité c'est que Nicholas Hoult a juste peur de passer 30 ans en prison, mais refuse de regarder sa propre lâcheté et la transforme en geste altruiste envers sa femme et son enfant.
Je vous invite à regarder les 2 films c'est un bon comparatif d'époque, les années 60 pour l'un, où le cinéma français était très versé dans la satire sociale, les années 2020 pour l'autre, où les turpitudes de l'individu sont ouvent au centre des films, plus que la société et ses travers.