Vivienne Le Coudy d'origine canadienne et Hoger Olsen un immigré danois se rencontrent sur le port de San Francisco. Immédiatement ils se plaisent et Vivienne part vivre dans la cabane au milieu de nulle part d'Olsen.

L'endroit, désertique, aride la déçoit mais à force d'imagination et de travail le couple en fera le nid de leur amour. Le genre d'amour qui ne se dit pas mais se démontre à chaque instant et plus tard ils seront rejoints par un petit garçon, Vincent. La petite ville voisine est aux mains d'une riche famille, les Jeffries et du maire corrompu. Tout le monde est à la merci de ces hommes qui contrôlent tout, possèdent tous les logements et imposent leur loi. Lorsque la guerre de Sécession éclate, Olsen choisit de s'engager (ah les hommes et la guerre !). L'incompréhension de Vivienne est totale et elle doit alors faire face aux avances du fils Jeffries, un sale type brutal, violent, raciste et complètement stupide. Des années plus tard, Olsen retrouve sa femme et son fils. Ensemble, ils tentent de se reconstruire après les épreuves qu'ils ont traversées et Olsen devient shérif de la ville.

Pour son deuxième film (sorti en France) après le dérangeant et excellent Falling, Viggo Mortensen place sa caméra dans le grand Ouest américain et s'en sort admirablement. Sans révolutionner le genre du western il en offre une approche personnelle qui lui ressemble. Le film est déconstruit mais contrairement à ici, nul besoin de nous indiquer si c'est avant, pendant ou après... nous savons toujours parfaitement où nous en sommes et tous les ingrédients qui font un western sont là. Les grands espaces, les cascades, les chemins poussiéreux, les chevaux fidèles, le saloon et son pianiste, la Cour martiale et sa justice expéditive, une pendaison, des injustices, du racisme envers les mexicains malmenés, la domination des femmes par les hommes et aussi une histoire de vengeance implacable que le réalisateur amène peu à peu.

Le film ressemble à son auteur car il est doux, intelligent, un brin cultivé voire intello et on a jamais vu autant de livres dans un western il me semble. En toute discrétion, le shérif, le gérant du saloon, Vivienne (particulièrement admirative de Jeanne d'Arc et dans l'attente d'un chevalier invincible) ont souvent un livre à la main. Et puis on parle plusieurs langues ici, l'anglais, le français, l'espagnol.

Le film est ainsi, lent, calme et doux avec quelques irruptions de violence cruelle et prévisible. Car même le plus doux des hommes doit à un moment céder à la violence qui semble inévitable dans ces contrées où les colts finissent toujours par s'exprimer.

Le titre original est The dead don't hurt qui reprend une réplique du film : Les morts ne souffrent pas. Celui choisit pour la traduction française n'évoque pas que l'endroit au bout du monde où habite le couple, c'est aussi la destination d'un voyage et le générique final est sans doute l'un des plus beaux et des plus apaisants qui soit. En sortant de la salle, la musique et l'image restent en tête de longs moments.

Histoire d'amour et western, Viggo Mortensen nous comble avec ce film d'une grande beauté, infiniment romanesque et romantique, habité par deux acteurs en osmose. Viggo s'efface derrière l'actrice solide qu'il a choisie, et Vicky Krieps à l'aise dans tous les personnages qu'elle incarne toujours est une nouvelle fois éblouissante.

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le 1 mai 2024

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