La surprise est une donnée essentielle à Kaboom. L'affiche du film est tout sauf explicite: effectivement, il y a de la baise, des gays, de la baise, des histoires d'amour, mais cela ne représente en réalité même pas la moitié du contenu.

Au vu de ma note, vous comprenez bien que ce n'est pas forcément un bien. Parfois, la surprise est tellement inattendue qu'elle en vient à plomber tous les efforts acharnés pour donner de la cohérence au film. En effet, on s'attend à de la bonne comédie romantique, un peu trash pour plaire à la marmaille pubère, traitant de l'homosexualité parce que c'est beaucoup plus racoleur.

Seulement, Gregg Araki oscille ici entre ingéniosité des plans, intrigue haletante, des acteurs pas trop mauvais (dont Thomas Dekker, le meilleur ami inverti de Claire Bennett dans Heroes, qui a bien changé d'ailleurs) et une bande-son qui ne saurait déplaire à un amateur de musique indépendante tel que moi. Mais comment expliquer ce versement mystique, qui s'incruste à la fête, alors qu'on s'amusait somme toute bien avec la sorcière, la lesbienne et les "hallucinations" angoissantes de Smith. Il rend tout d'un coup les choses moins drôles. Non pas que je m'attendais soudainement aux délires d'un camé à la Las Vegas Parano, mais j'aurais presque préféré.

La théorie du complot ne m'a jamais bottée au cinéma, et encore moins dans un film qui est censé être une comédie. J'admets que l'exagération est volontaire, mais avouez qu'au générique de fin, on hésite franchement entre le WTF (pour les geeks) et le "Heu, mais c'est quoi ça ?" (pour les gens "normaux"). Le côté parodique, s'il est voulu bien entendu - ce que j'espère -, n'apparaît qu'à travers les aberrations qu'on nous serine tout au long du film, avec des histoires de sectes, de pouvoirs, d'un père qui semble atteint de la petite vérole (comme une certaine prostituée zolienne). Le problème, c'est que lors du visionnage du film, on n'a pas vraiment l'impression d'être dans un film drôle, ce qui est quand même le but initial d'une parodie de film catastrophe.

Malgré tout, ce film d'Araki n'a pas que des défauts. Certains dialogues sont délectables et les situations sortent un peu des clichés en trouvant leur personnalité, les personnages sont parfois très drôles (notamment London). L'histoire a cependant des failles, concernant notamment les personnages secondaires creux (Thor, Lorelei et London pas assez développées). Heureusement, il compense avec son dynamisme et sa fraîcheur.

Donc, bilan en demi-teinte, j'ai passé un bon moment, mais le virage que prend l'histoire m'a considérablement refroidi. Un film sympathique, donc, mais pas indispensable.
Sonoflake
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le 6 nov. 2011

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Sonoflake

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