Quand j’étais gamin, j’étais abonné à Première, et il y avait des petites affiches de ciné qu’on pouvait détacher, et que je mettais sur les murs de ma chambre. C’est devenu une extension de ma culture, et comme mes ressources étaient à l’époque limitées, j’avais tout un tas d’affiches de films que je n’ai jamais vus.


Dont Kalifornia.
Lors de sa récente réédition en Blu-ray, le film me semblait donc familier, et il fallait bien que je m’en fasse enfin une idée.


Bon, n’y allons pas par quatre chemins, c’est plutôt tout pourri, mais un peu amusant tout de même, notamment pour l’éclairage qu’il apporte sur des comédiens alors à l’aube de leur carrière. David Duchovny en petit roquet à boucle d’oreille et Brad Pitt en tueur en série redneck, Juliette Lewis en répétition générale de ce que sera sa poussive prestation dans Tueurs nés l’année suivante : le couple de gentil a le charisme d’une évacuation de bidet, tandis que les méchants ploucs se disputent le titre de la prestation de l’année aux razzies.


L’intrigue est digne d’un vendredi soir sur TF6 : un écrivain fait le tour des lieux investis par les plus grands tueurs d’Amérique pour en faire un bouquin, et fait du covoiturage avec, je vous le donne en mille, un tueur psychopathe.


Tension.


Fracture sociale entre l’écrivain et les bouseux.


Voix off mode film noir.


Esthétique vaguement poisseuse dans l’esprit U-turn, caméras rivées au parechoc, poussière, maisons abandonnées sur un site d’essai nucléaire, massacre à coups de clubs de golf, tout ça.


C’est éculé, poussif, absolument tout sauf thrilling, et particulièrement pénible dans son incapacité à finir : comme dans les très mauvais téléfilms, le méchant met 8 ans à mourir (quelle résistance à tous ces objets contondants Dieu du ciel !), et à la fin, ben c’était cool quand même cette petite histoire parce que tout le monde sait (mode Réflexion philosophique on) qu’un écrivain ne peut pas parler des tueurs sans en avoir fréquenté ni avoir lui-même mis à mort un de ses prochains (mode nauséabond off).


Bon, voilà, deux heures de perdues.
Next.

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le 20 avr. 2016

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