Katie, c'est l'histoire vraie d'une femme qui choisît de se battre, mais d'une manière peu commune. Katie, c'est l'histoire vraie d'un cas tristement commun ; un ange profondément esseulé par les relations humaines, dont l'environnement ne permet pas de s'évader, god bless capitalism.
Katie, c'est une source d'inspiration. Pour le commun des mortels. Katie fait ressortir tout ce qui est bon en nous, et propose un message de paix puissant et terriblement actuel. Toi qui ne sais pas ce que tu fous là, Katie te montre : accepte de ne pas tout vivre, ne te décourage pas, l'espoir est partout si tant est que l'on y croit.
Pour ce film, tout commence par la fin. Sourire aux lèvres, une force de la nature s'enfuit tranquillement et trace sa route. Pourtant, rien ne fût simple pour Katie.
KSG, c'est l'histoire d'une américaine qui ne connaît rien de l'amour et qui ne tarde pas à l'entreprendre. Katie, jeune adulte, vît donc aux côtés de sa génitrice, prostituée, dans une caravane miteuse et dans un bled miteux. Amérique profonde oblige, elle arrêta ses études pour travailler comme serveuse dans un motel miteux. Mais cela ne suffit pas. Katie a un rêve, c'est de pouvoir un jour habiter San Francisco. Elle a besoin d'argent : merci "maman", elle se prostitue elle même pour économiser des sous qu'elle garde secrètement dans sa boîte à souvenirs.
Tout le monde apprécie Katie : tout le monde connaît Katie, de très près ou de loin, et Wayne Roberts s'évertue, à l'aide de plans coupés/instantanés, à retranscrire tout le banal du quotidien de la fraîche et souriante jeune femme. Simple, efficace, laissant le spectateur quelque peu détaché, observant et dénué d'empathie : 1er service, service du soir, 2e boulot, "I love you mom", dodo.
Tout est bouleversé lorsqu'un mécanicien, Bruno, débarque. Elle en tombe dès lors éperdument amoureuse, à la manière d'une petite fille, non pas naïve, mais qui s'interdit de ne pas saisir l'instant nietzschéen du bonheur, disponible, et qui lui est proposé.
Elle affronte un mur, un solide gaillard abîmé par les années de prison et dépourvu de langue dont l'absence en démontre plus qu'il n'en faut. Les deux s'aiment, le coup de foudre existe, tout est beau qui finit beau puisque personne ne juge. Ce qui arrive trop vite : coupé dans son élan, Bruno apprend l'existence de cette double-vie de prostituée que mène Katie pour se donner en l'occurrence les moyens de s'en aller. Tout fout le camp ; elle enchaîne une descente aux enfers résolument atroce, terriblement suffocante, que le réalisateur inflige à son audience pour la bonne cause.
Car oui, KSG est un film extrêmement violent, qui heurte, qui révolte. Je tiens à préciser que des scènes de viol insoutenables, d'une rare brutalité au cinéma, sont présentes tout au long du film.
C'en est d'ailleurs l'un des thèmes majeurs.
La 2ème scène de viol, où Katie se fait piéger par les deux autres garagistes en plein désert, est d'une cruauté sans égal. Waynes Roberts décide d'inclure non pas des passages, mais de rendre compte des évènements dans leur ensemble. Katie est vue à l'image dans la 1ère scène ; tandis que dans la seconde, Katie n'est pas montrée : le viol est lié au regard dégoûté du jeune mécanicien qui se déteste de ne pas avoir les capacités physiques et morales d'intervenir. Le 3e viol fait lui l'objet d'une ellipse narrative.
Il était absolument nécessaire pour l'auteur de rendre compte de cette violence telle qu'elle est, dans une société où la femme est du point de vue du droit, tout autant que des moeurs, inférieure et sujette à la domination violente de son opposé, et dont la vraie Katie a décidé de donner son accord total à Wayne pour le tournage des scènes.
Pourtant, l'essentiel est ailleurs : Katie est un être christique qui refuse d'abandonner. Elle, qui durant tout le film doit se battre à la fois contre les coups, contre son coeur, contre sa condition sociale, contre ses collègues, contre sa génitrice, elle qui se retrouve sans rien, emplie de désillusions amicales, amoureuses, battue, violée, elle décide, comme elle l'a toujours fait, de réussir sa vie. Elle est un Sartre qui fait des choix : d'ailleurs, ses misères sont les conséquences de ses propres choix ; mais à aucun moment elle ne pensera à s'apitoyer, ni à pousser les autres dans une situation indélicate... finalement comme tout droit sortie d'une fête de l'insignifiance - Kundera parlerait d'elle comme une "excusarde"- mais s'assumant et assumant la vie, telle qu'elle est, tout simplement.
Katie, dont Waynes Robets raconte et occulte d'autres évènements de son histoire, fera l'objet d'une trilogie. Katie n'erre jamais sur l'autoroute qu'elle empreinte tous les matins pour aller travailler : elle y suit très concrètement sa quête pour la rédemption. Nous devons nous en inspirer.