Kenny
5.6
Kenny

Film de Claude Gagnon (1987)

Putain les enculés, ils n'ont PAS tué Kenny

La jaquette avait dit vrai : "vous ne l'oublierez jamais cet enfant". Je devais avoir dix ans quand j'ai choisi cette vidéo pensant que c'était un film d'horreur camouflé. C'est-à-dire que je savais que ce n'était pas un film d'horreur mais que c'était quand même bien flippant. Oui, je sais... J'étais déjà bien tordu.


Entre temps, un autre Kenny, bien plus virtuel, cette fois, est apparu. Kenny McCormick de South Park. Kenny le poissard. Kenny l'enfant pauvre, le sacrifié neuf fois sur 10. Mais aussi Kenny, le petit prodige qui diablotine dans son anorak orange. Du coup, j'ai toujours connu un Kenny sur lequel la nature s'acharnait. Sauf que là, Kenny n'est pas mort dans cet épisode.


Vers mes vingt-sept, j'ai retrouvé Kenny dans une brocante tranquille. La VHS me faisait des appels du pied. J'ai eu un frisson. Une fois, sur mon pas de porte, y'avait des gens qui vendaient des calendriers avec des reproductions de peinture dont les auteurs n'avaient plus de mains. J'ai reconnu le frisson. Et là, le gamin sur la jaquette faisait toujours de l'auto-stop depuis 17 ans. Je n'ai pas résisté à m'approprier cette chose si menue qu'elle pourrait passer pour un morceau de bravoure entre deux "Confessions intimes".


Allez, viens gamin, reste pas sur le bord de la route, tu vas encore te prendre un pare-choc.


Alors que voit-on dans ce film ?
On y voit Kenny dans sa vie, ses difficultés, ses facilités jusqu'au jour où une reporter s'intéresse à lui pour transmettre à tous une grande leçon de vie. Ah mais justement... L'histoire traumatogène d'un enfant tronc, qu'est-ce que ça apporte ? Leçon d'humanité ? Leçon de vie ? Voyeurisme ? Leçon sur la nature humaine ? Sur la nature biologique au sein du balancier des déterminismes sociaux ? On s'y fait ? Non, on ne s'y fait pas. Oui, tu en prendras plein la gueule. Oui, parfois, l'explication biologique prévaut sur les autres causes. Oui, c'est voyeur... Et en même temps ce voyeurisme est ici interrogé. C'est juste que tu n'oublieras jamais, jamais, aussi insipide soit le film, aussi nulle soit ton existence, tu n'oublieras jamais Kenny.


Ouvrez le pathos !
Ecoutille du Pathos ouverte !
Ouvrez le Mièvre !
Vanne du Mièvre ouverte !


Mine de rien, derrière la simplicité et ce que j'ai pu dire - comme si je ne pouvais pas moralement me moquer de Kenny, je n'ai jamais pu oublier cet enfant. Il provoquera, en vous-même,
et la frayeur et l'attachement.


PS : ne prénommez jamais, ô grand jamais, vos enfants Kenny. Ou Martine Aubry.
PPS : si tu tapes "agénésie" dans google images, je te tue.

Andy-Capet
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le 5 nov. 2012

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