Dans la filmographie de Kitano, "Kids return" (1996) se situe entre des films comme "Violent Cop" (1989), "Jugatsu" (1990), "Sonatine mélodie mortelle"(1993) et "Hana-Bi" (1997).
Ce sont des films où Kitano met en scène des policiers ou des yakuzas dans le plein exercice de leur fonction. Les héros y sont adultes, bien ancrés dans leur job, parfois même proche de l'âge de la retraite.
Dans "Kids Return", Kitano semble vouloir évoquer les itinéraires de certains jeunes en rupture de scolarisation et sans véritable objectif sinon celui de devenir riche sans effort. Même si Kitano évoque son propre itinéraire à travers des sketchs comiques, le film n'est pas du tout une autobiographie, simplement une réflexion concernant ceux qui ne suivent pas ou abandonnent la voie normale "études /Diplôme/travail correspondant". En regard à cette voie normale, Kitano, par exemple, à la fin de ses études scientifiques, a changé de voie pour faire du théâtre et des spectacles comiques. Mais d'autres jeunes, abandonnent les études pour ne rien faire ou faire du racket à la petite semaine auprès d'autres élèves. C'est le propos de Kitano d'opposer deux sortes de jeunes qui délaissent la voie normale. Ceux qui prennent la décision de changer de voie et réussissent à force de travail et de ténacité (comme Kitano). Et ceux qui n'ont pas d'objectif précis (à part laisser les études) et choisissent la facilité. Ainsi Shinji et Masaru errent, font des farces, vivent à la petite semaine jusqu'au moment où ils tombent sur plus fort qu'eux. Qu'à cela ne tienne, ils vont faire de la boxe pour pouvoir se défendre. Shinji semble plus doué et se lance dans une carrière de boxe professionnelle tandis que Masuro est plus attiré par le monde (facile et prestigieux à ses yeux) des yakuzas. Kitano ne porte aucun jugement sur ces deux choix. Simplement, la boxe est un métier contraignant et difficile si on veut rester au top. Le métier de yakuza nécessite des qualités de vigilance et de réactivité compte-tenus des enjeux du monde mafieux. Si les études nécessitaient des exigences en termes d'écoute, de réflexion ou de ténacité pour réussir, il en est exactement de même pour la profession de boxeur ou le job de yakuza, au même titre que le métier de comédien. Dans les deux cas, ces deux activités peuvent se révéler extrêmement contraignantes en termes de travail et concentration. Si les efforts ne sont pas au rendez-vous, alors il y a de grandes chances que les jeunes pensant s'en tirer facilement que ce soit dans la boxe ou dans la maffia nippone, aillent dans le mur. Si ce n'est pas dans le mur, c'est alors nulle part.
Sous couvert d'un film parsemé de scènes à l'humour potache ou de scènes violentes, Kitano réalise un véritable film social. On n'y parle pas des jeunes qui suivent une voie normale, qui ne sont donc pas un sujet dans ce film. On n'y parle que de quelques jeunes en (molle) recherche d'identité ou de repères, prêts ou non à sauter le Rubicon pour aborder des carrières ou des emplois autrement plus risqués.