Kiki la petite sorcière
7.3
Kiki la petite sorcière

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1989)

Une bouffée d’oxygène au royaume de Miyazaki


-Un chat noir, une robe noire, tout est noir.
-Kiki ce n’est pas la couleur des habits qui compte. C’est le cœur.



Pourquoi ce film est l’une des meilleures œuvres de Miyazaki ?


Dès qu'on entend « Miyazaki », on pense d'emblée au « Voyage de Chihiro », « Mon voisin Totoro » et « Princesse Mononoké ». Pourtant, parmi toutes ses œuvres, Miyazaki en a une très personnelle et spéciale: Kiki La petite sorcière. Dans ce film, si nous partageons ce point commun, à savoir celui d’être rêveur, alors votre âme va se laisser portée par cette histoire. Pas de violence, pas de disputes, pas de frayeurs, pas d’excentricité Japonaise, juste quelques malchances mais ne vous inquiétez pas, l’héroïne dont vous allez suivre les aventures gardera le sourire quoiqu’il lui arrive.


Je suis en admiration devant ces films imaginaires produisant un effet de bien-être total pendant toute la durée de leur histoire. Kiki la petite sorcière mérite une récompense. 1h43 de bouffée d’air pur semblable à celui que l’on respire en partant en vacances à la mer. 1h43 où nous passons divers sentiments, écoutant des morceaux emprunts de douceur et de mélancolie rappelant comme les décors dans lesquels nous évoluons l’Italie des années 50. Tantôt tristounette, tantôt amusante, la bande originale très « Sicilienne » de Kiki la petite sorcière ne peut laisser indifférent, le reste non plus.


La magie existe, les sorcières la pratique. Si vous vous attendiez à voir le cliché habituel des sorcières aux longs cheveux ébouriffés et au nez pointu avec un supplément verrue, vous vous êtes trompé d’univers. Dans l’univers de Kiki La petite sorcière, les sorcières peuvent êtres mignonnes et bienveillantes, preuve en ait simplement en faisant la connaissance de Kiki. La jeune fille toute coquette vient de fêter ses treize ans et, quand on veut devenir sorcière, à treize ans, d'après la tradition, une apprentie sorcière doit quitter ses parents et partir vivre un an toute seule dans une grande ville afin de gagner en maturité.


Heureusement, Kiki ne sera pas vraiment toute seule. A ses cotés, Jiji, un adorable chat noir différent de ceux que l’on croise dans les ruelles. Jiji il n’est pas que trognon, c’est un sarcastique dont la capacité est de communiquer avec sa propriétaire. Jiji, même s’il joue les Jiminy Cricket, qu’il a prit « oies sauvages » en deuxième langue, il a un caractère bien trempé et sa voix française ne semble pas inconnue puisque les fans de South Park reconnaitront Christophe Lemoine. J’ai toujours aimé la diversité du travail de Lemoine. Kiki la petite sorcière en est une énième preuve, le comédien fait des merveilles, illustrant vocalement à merveille les différents traits de la personnalité du chat. Les passages mignons et drôles s’enchaineront.


Après des premières mésaventures, nous voila arrivé à Koriko, petite ville aux allures touristiques mixant architecture Parisienne et Londonienne semblant ne pas avoir quitté les années 50. D’ailleurs l’époque où se déroule l’histoire semble se situer à cette période. Kiki et Jiji devront réussir à s’intégrer parmi des habitants effrayé pour certains, émerveillés pour d’autres, de voir une petite fille voler sur un balai.



Et bien voila cette fois elle est partie.



Tout voyage commence par un premier pas


Miyazaki nous transporte dans la vie quotidienne de Kiki en pleine quête initiatique et vous savez quoi, elle ne sera pas la seule à se sentir grandir à la fin de son aventure. Parce que ce qu'il y a de bien dans des films tels que Kiki la petite sorcière c'est qu'ils invitent leurs spectateurs à se remettre en question, se rappeler le primordial pour avoir une belle vie. Une petite touche de fantastique, de douceur et de mélancolie pour cette aventure et vous voila parti pour un récit tellement prenant qu'il vous sera difficile de retourner dans la vie réelle.


• Osono la boulangère enceinte et son mari costaud, silencieux au grand cœur,
• Ursula l'artiste peintre amusante et sympathique vivant seule dans une cabane forestière,
• Tombo le jeune garçon à bicyclette amateur de machines volantes et amoureux transi de Kiki,
• Une vieille dame propriétaire d'un manoir vivant seule aux cotés de sa domestique et amie,


Kiki la petite sorcière possède une foule de personnages et le coté humaniste bienveillant de chacun fait tellement chaud au cœur que d’une part, on s’y attache, et d’une autre, ils nous donnent l'envie irrésistible d’emprunter le ticket magique de Danny Madigan pour sauter dans leur univers et ne jamais les quitter.



Le dessin et la magie ont peut être des points communs.



Tendresse et douceur pour une œuvre joyeuse et mélancolique


En surface, Kiki la petite sorcière possède un ton léger. En profondeur, il y a de complexité. Bon nombres de thématiques philosophiques prouvent que le but n'est pas uniquement celui de nous évader. Il nous faut ressortir avec une leçon amenant à avoir un but, une volonté de modifier voir changer des traits de notre personnalité pour se sentir mieux. Kiki la petite sorcière, nous plonge en plein cœur de la mentalité Japonaise. Celle où chacun respect son prochain, son environnement et travaille dur pour pouvoir vivre.


Rien de mieux que des œuvres de ce genre pour vous montrer que travailler peut être amusant. Kiki la petite sorcière nous montrera les tâches quotidiennes de notre sorcière ayant créée son service de livraison. Nous voila accueilli par un charmant couple de boulangers et loger juste au dessus d'eux. Hum la bonne odeur de pain chaud au petit matin mêlée à l'odeur de la mer. Kiki la petite sorcière devrait être en odorama.


Mais ce n'est pas tout qui fait le charme de ce film. Miyazaki soigne tous ses personnages, à commencé par Kiki. Garçon, fille, homme, femme, nous allons/nous avons tous traversé les situations de Kiki. Quitter le domicile familial et prendre notre envol, travailler dur pour subvenir à nos besoins, nous adapter à cette nouvelle ville de solitaire, en somme, gagner en autonomie. Le réalisateur trouve les mots justes tout en illustrant visuellement cette quête.


Kiki la petite sorcière fait donc parti de ceux là, ces films nous apprenant quelque chose. Ici: avoir le courage, la force de quitter le foyer parental sécurisé pour affronter la peur de l'inconnu et ne pas en avoir peur. Enfant, adolescent, adulte, même si nous étions surexcités à l’idée de gouter aux joies de la liberté, nous avons tous un jour ou l'autre appréhendé de quitter le cocon familial, laisser notre ancienne vie, notre famille et voler de nos propres ailes. Voyez rien qu’ici la représentation de cette liberté : s’envoler sur un balai ! Quelle belle métaphore. Et cette animation d’envol, somptueux.


Devenir responsable et indépendant est à la portée de tous. Regardez se débrouiller Kiki alors qu'elle n'a que treize ans. Elle galère, elle a des moments de doutes, de nostalgie, de moments où elle pense à abandonner mais elle ne lâche pas. N’est-elle pas inspirante ? Vous allez comprendre que Kiki, sa force ne réside pas de sa magie mais de sa détermination, ce coté "je n'abandonne pas quelque soit l'épreuve que je puisse affronter".


Au fur et à mesure de sa quête, notre héroïne maladroite, tout en rencontre de nombreuses personnes, va prouver sa valeur, gagner confiance en elle et gagner la confiance des gens autour d'elle. Ce qu’il y a de bien dans ce film c’est qu’il a une narration et des propos simples qui parleront à tout le monde tout en les amusant. Un vrai film familial bourré de bons sentiments où même s’il est triste de quitter son enfance, les souvenirs eux perdurent. Ne jamais, jamais oublié le passer, il nous aide à avancer.



-Il faut se battre, ne jamais abandonner. Essayer, essayer sans relâche.
-Et si malgré les efforts on n’y arrive pas ?
-Dans ce cas on arrête. On fait de longues balades, on admire le paysage, on y pense plus, et souvent sans qu’on s’en aperçoive,
l’envie revient.



Au final, j'aurai aimé que Kiki la petite sorcière ne se termine jamais. Un de mes Ghibli préféré. Quelle aventure, quelles belles rencontres. Apprendre à s’intégrer, à gagner en indépendance, à avoir confiance en soi, à se faire des amis quelque soit leur âge, à découvrir, le tout sous une ambiance où l’on se sent à la fois joyeux et mélancolique, cette aventure aux décors si riches, à l'animation si fluide et réaliste, et aux personnages principaux et secondaires attachants, inspirants, rappelle le plus important. Mais quoi ? A vous de le découvrir en regardant ce véritable chef d’œuvre sous-estimé.

Créée

le 12 mai 2020

Critique lue 707 fois

Jay77

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