Le film est tout en narration

"Kill Bill, Volume 1" montre Quentin Tarantino si facilement et brillamment maîtrisant sa technique qu'il me rappelle un violoniste virtuose Le film ne parle de rien du tout, sauf de l'habileté et de l'humour de sa réalisation. C'est plutôt brillant.

Son histoire est un condensé de l'univers des films d'arts martiaux, élevé à une maîtrise transe de la matière. Tarantino est dans la Zone. Son moteur d'histoire est la vengeance. Dans la scène d'ouverture, Bill tue tous les autres membres d'un cortège nuptial et quitte la mariée ( Uma Thurman) pour les morts. Elle survit pendant des années dans le coma et est réveillée par le bourdonnement d'un moustique. Est-ce que QT pense à Emily Dickinson, qui a entendu un bourdonnement de mouche à sa mort ? Je me souviens de la définition de Manny Farber de la théorie de l'auteur : "Un groupe de gars qui essaient d'attraper quelqu'un en train de pousser de l'art dans les crevasses de Dreck." La mariée n'est pas Emily Dickinson. Elle inverse la paralysie de ses jambes en « se concentrant ». Ensuite, elle jure de se venger de la Deadly Viper Assassination Squad, et à la fin du "Volume 1", elle est à moitié terminée. Elle a anéanti Vernita Green ( Vivica A. Fox ) et O-Ren Ishii ( Lucy Liu ), et dans le "Volume 2", elle tuera vraisemblablement Elle Driver ( Daryl Hannah ),). Si vous pensez que j'ai donné des détails sur l'intrigue, vous pensez qu'il peut y avoir un doute quant à savoir si l'héroïne survit à la première moitié d'un film d'action en deux parties et devrait demander de l'aide.

Le film est tout en narration et pas d'histoire. Les motivations n'ont aucune profondeur ou résonance psychologique, mais sont simplement des marqueurs d'intrigue. Les personnages se composent de leurs caractéristiques. Sous tout, comme dans " Pulp Fiction ", se cache la suggestion d'un univers parallèle dans lequel tout cela a un sens de la même manière que l'histoire d'origine d'un super-héros a un sens. Il y a une séquence ici (enfin, c'est plus comme un tiers du film) où The Bride élimine à elle seule O-Ren et toute son équipe, y compris les Crazy 88 Fighters, et cela nous rappelle Neo combattant les clones de Agent Smith dans " The Matrix Reloaded "et en ce qui concerne le genre des arts martiaux, cela pourrait aussi bien être l'héroïne. (Tous les personnages principaux, à l'exception de Bill, sont des femmes, les hommes ayant été émasculés dès la sortie de l'image.) "Kill Bill, Volume 1" n'est pas le genre de film qui inspire la discussion sur le jeu d'acteur, mais ce que Thurman, Fox et Liu accomplir ici est sans doute plus difficile que de jouer l'héroïne nuancée d'un suceur de pouce de Sundance. Il doit y avoir de la présence, de la grâce physique, de la force, de la personnalité et la capacité d'avoir l'air sérieux tout en faisant des choses ridicules. Le ton est donné dans une scène d'ouverture, où la mariée est proche de la mort et une main frotte le sang sur sa joue, qui ne se détachera pas car il s'agit clairement d'un maquillage figé. Cette scène bénéficie en outre d'être tournée en noir et blanc; pour QT,

Il y a du noir et blanc dans le film, et du ralenti, et un nom qui sonne entièrement pour effet, et même une séquence prolongée dans l'anime. La séquence animée, qui nous emmène à Tokyo et fournit la trame de fond d'O-Ren, est sournoise dans la façon dont elle permet à Tarantino de traiter du matériel qui pourrait, en action réelle, sembler trop réel pour son univers stylisé. Il traite de la pédophilie d'un chef de file de la mafia. La scène fonctionne en long plan animé; en gros plan d'action en direct, cela donnerait au film un NC-17.

Avant d'arriver à Tokyo, la mariée s'arrête pour obtenir une épée de Hattori Hanzo ("star invitée spéciale" Sonny Chiba ). Il est à la retraite depuis des années et en a fini avec le meurtre. Mais elle le persuade, et il fabrique une épée qui n'inspire pas sa pudeur : « C'est ma plus belle épée. Si dans votre voyage vous rencontrez Dieu, Dieu sera coupé. Plus tard, l'épée doit faire face aux compétences de Go Go Yubari ( Chiaki Kuriyama ), le garde du corps adolescent d'O-Ren et peut-être un majeur en études médiévales, puisque son arme de prédilection est la masse et la chaîne. C'est dans la tradition de la bande dessinée selon laquelle les personnages sont définis par leurs armes.

Voir le God-slicer d'O-Ren et la masse de Go-Go s'affronter dans un champ d'hommes morts et mourants, c'est comprendre comment les femmes ont pris le relais des hommes dans les films d'action. Étrange, puisque les femmes ne sont pas aussi douées pour tuer que les hommes. Peut-être qu'ils sont choisis parce que les médias libéraux veulent les voir réussir. Les femmes guerrières du film me rappellent la défense de Russ Meyer par Ruby Rich en tant que cinéaste féministe (ses femmes initient tout le sexe et font tout le meurtre).

Il y a une séquence dans laquelle O-Ren Ishii prend le commandement de la mafia japonaise et décapite un gars pour l'avoir critiquée comme étant à moitié chinoise, femme et américaine. O-Ren parle japonais par l'intermédiaire d'un traducteur, mais lorsque la tête du gars roule sur la table, tout le monde semble la comprendre. Bientôt vient la bataille mortelle avec The Bride, sur un plateau à deux niveaux représentant un restaurant japonais. Tarantino a l'intelligence de rythmer cette bataille avec des plans extérieurs de chutes de neige dans un jardin à la française exquis. Pourquoi le jardin doit-il être dans le film ? Parce que les jardins enneigés sont des images japonaises emblématiques, et Tarantino se fait l'instrument de ses influences reçues.

De même, Thurman porte un costume identique à celui que portait Bruce Lee dans son dernier film. S'agit-il d'une coïncidence, d'un hommage, d'une imitation ? Pas du tout. Cela peut s'expliquer par la physique quantique : la combinaison peut être dans deux films en même temps. Et lorsque le personnage d'Hannah siffle le thème de "Twisted Nerve" (1968), cela ne veut pas dire qu'elle est une fan de Hayley Mills, mais que des fuites peuvent se produire entre des univers parallèles dans les films. Le "Volume 2" révélera-t-il que Bud était connu sous le nom de Mr. Blonde ?