Un panaché lourdingue d'idées et de scènes piquées aux autres : un peu de Jeu de la mort, un peu de Lady Snowblood (à qui QT a même piqué l'interlude animé), du chambara, du western spaghetti, une pincée d'acteurs peu connus mais ancrés dans l'inconscient collectif avec juste ce qu'il faut de branchitude (X-Or ! Golgo 13 !), des dialogues d'une désespérante facilité - "My name is Buck and I'm here to fuck"...

Je n'ai rien contre l'accumulation de citations quand elle est ludique, roborative, jouisseuse. Mais le volume 1 de Kill Bill dégeule de prétention, de m'as-tu-vu-isme (cet insupportable passage de l'arrivée de Lucy Liu et ses sbires), de bombage de torse puéril, comme si refaire en mieux ce qui a été fait avant sans y apporter l'once du début d'une idée ou d'un souffle, et donc finalement de profiter du travail des autres, était matière à se tripoter la nouille de la sorte. Oui, les musiques sont splendides, émouvantes, épiques : c'est normal, elles étaient conçues pour ça, mais dans un autre contexte !

Rien n'est à personne dans ce film, qui se contente de régurgiter les idées, les musiques, les plans des autres et de saupoudrer le tout de juste ce qu'il faut de touche Tarantinienne et de montage utlra cut (efficace, faut bien l'avouer) pour donner le change.

Un film qui m'a énervé - littéralement, gonflé, agacé, une baudruche cinéphage, juste bonne à être découpée, citée, plagiée sans vergogne par les pubeux et autres pseudo faiseurs de mode, qui ne se sont pas génés d'ailleurs.

Un film qui donne envie de crier : mais bordel, au lieu de vous fader la mauvaise copie, découvrez plutôt les oeuvres originales. Et ce sans élitisme ni snobisme déplacé façon "c'était mieux avant" : au moins les films cités, avec leurs défauts, leurs faiblesses, leurs jeu pas terrible, leur mise en scène parfois gauche, ont pour eux la sincérité de leur démarche.

Car je ne suis vraiment pas convaincu par celle de Tarantino sur cette affaire, à contrario de films comme Jackie Brown où il transcendait totalement le matériau d'origine (la blaxploitation) et le faisait réellement sien. Ici, il cite, il pré-mâche, il rumine.

Le film symbole de la génération photocopie.

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le 7 mai 2010

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Prodigy

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