(cette critique inclus aussi Kill Bill Vol.2)
Etre un cinéphile/cinéphage, c'est être un éternel étudiant. C'est être curieux, ouvert, prêt à découvrir et apprendre sans cesse à l'aune d'un nouveau film, d'un cinéaste qu'on a oublié, d'un pan de culture ciné sur lequel on a fait, jusque là, l'impasse. C'est en ça que le dyptique tarantinesque, que je n'avais pas revu depuis 10 ans, est un plaisir renouvelé à chaque visionnage. Parce qu'on y retrouve certes le film qu'on connaît déjà et ses trouzemilles références évidentes, mais ce révèlent aussi des bouts d'autres films qu'on a pu voir entretemps, des éléments autres œuvres, d'autres genres. Parce que c'est un melting-pot, un gigantesque mash-up se constituant en diégèse, une miscellanée faite film. Et cela va au-delà des citations: Par exemple, ce visionnage a été pour moi l'occasion de noter de menu détails qui ne m'avaient pas frappés, comme le kimono de «Charlie Brown » qui a les motifs du sweat de Charlie Brown, Beatrix + Bill=B.B., et il doit y en avoir encore des milliers comme ça...
De fait, oui, on a le sentiment parfois de voir les coutures, que ce film-univers ne tient pas vraiment debout, et ne peut tenir debout de part son hétérogénéité, mais ça a aussi tellement de gueule, c'est tellement un fantasme dans lequel tout cinéphile peut se retrouver qu'on s'en fout. Parce que pour l'éternel étudiant en ciné, Tarantino est un passeur, cet aîné supercool de la classe précédente qui sait tout et qui le transmet mieux que tous les profs de la Terre.
Et puis c'est aussi, peut-être, le film où s'exprime le milieu cette quasi dichotomie, ces deux facettes du cinéma de Tarantino, ici à l'équilibre: Le plaisir simple de la violence graphique d'un côté, la sensibilité et la pudeur quant aux sentiments des personnages. (parce qu'il faut le redire quand même : si vous n'avez pas été toucher par le final de Jackie Brown, c'est que vous êtes mort à l'intérieur)
Scorsese a dit qu'il aimait à revoir Soy Cuba quand il perdait foi dans le cinéma. Je crois que le dyptique Kill Bill pourrait remplir ce rôle pour moi. (ou Danger : Diabolik. ou Mad Max Fury Road.)