1) Trop long.

2) La première partie est bien rythmée.

3) Lily Gladstone est brillante.

4) Donc. Le film aborde un épisode de l'histoire américaine : "le Règne de la Terreur" dans les années 1920 en Iowa, où des américains blancs ont tué des dizaines d'Indiens Osage pour récupérer leur argent + leurs terres pétrolières. Une des techniques utilisées par ces hommes blancs était d'épouser une femme indienne, puis de la tuer.

Pour traiter cette période, Scorcese choisit comme lens la vie d'un couple en particulier, Ernest (homme blanc) & Mollie (femme Osage).

Mais alors qu'on pourrait s'attendre à une histoire racontée principalement depuis le prisme de Mollie, on se retrouve avec comme personnage principal Ernest. C'est pour lui que la mise en scène nous invite à avoir de l'empathie, de la compréhension. Après tout, ça ne serait qu'un homme un peu benêt manipulé par un personnage qui lui apparait comme véritablement diabolique, j'ai nommé William "King" Hale joué par De Niro qui, well, fait du De Niro pendant 3h.

Surtout, on nous montre un Ernest sincèrement amoureux de Mollie tout le long du film.

J'ai espéré que tout ça mènerait à un propos un peu plus intéressant que les éternels "je suis fasciné par la violence" et "regardez comme je suis spirituel" de Scorcese. A croire que pour la vieille garde du cinéma, montrer à l'écran un personnage ambivalent moralement est un gage de subtilité et d'intelligence. Un apparent refus de manichéisme louable, mais il est important de le rappeler une énième fois : on ne tue pas par amour.

Si encore cet angle mort sur les féminicides avait été atténué par un focus sur la dimension systémique des violences raciales. Raté. Scorcese se concentre sur l'idée d'UN méchant, d'UN personnage intrinsèquement mauvais (Hale). Au-delà de la scène d'exposition qui établit très brillamment les rapports de pouvoirs (les hommes blancs conduisent des familles indiennes, mais les familles indiennes sont sous tutelles d'autres hommes blancs qui les infantilisent), Scorcese traite le sujet comme une simple "arnaque" pour récupérer le fric, et non pas comme le génocide ethnique qu'il a été.

Après avoir vu le film, j'ai lu quelques interviews. Et là, bingo. Le film est tiré d'un livre du même nom écrit par David Grann & sorti en 2017. Mais Scorcese voulait que l'histoire se concentre sur un "couple qui s'aime" et pas sur "all these white guys". Pourtant, le vrai sujet, c'était these white guys.

Tout ça pour dire que je ne comprends pas le succès critique et d'estime de ce film :/

mlarn
5
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le 20 déc. 2023

Critique lue 5 fois

mlarn

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