Quatre ans après The Irishman, sorti directement sur Netflix, Martin Scorsese est de retour sur grand écran comme il se doit, avec cette fois un film qui relate un épisode authentique mais peu connu de l'Histoire Américaine: les meurtres de riches membres de la communauté Osage, peuple d'autochtones d'Amérique, dans les années 20, par des fermiers blancs, avides d'argent et de pouvoir. Une sorte de communauté blanche aux motivations également un tantinet xénophobes qui préfigure peu le Ku Klux Klan sous certains aspects.
De ce sujet bouillant et complexe, le réalisateur tire un film de... 3h30. Mais si la durée de Killers of the Flower Moon peut légitimement surprendre voir rebuter, elle n'est pourtant pas un simple argument marketing ou un moyen de souligner sa propre importance, mais au contraire un choix qui est tout à fait justifié au regard du style adopté cette fois par le maître. En effet, bien qu'il soit en grande partie question de meurtres et d'une enquête criminelle, Martin Scorsese ne réalise absolument pas son film comme un thriller policier, mais plutôt comme un long mélodrame dans la plus grande tradition de l'âge d'or d'Hollywood des années 30. On pense un peu à Autant en Emporte le Vent, mais aussi aux mélodrames de Douglas Sirk. Une sorte de classicisme absolu en d'autres mots.
Disons les choses clairement, le film n'est pas vraiment spectaculaire ni rempli d'action. Son ressort serait plutôt l'émotion et l'évolution des rapports entre les personnages sur le long terme (il s'étend sur une période de cinq ans environ). L'histoire met volontairement un certain temps à se mettre en place et il faut bien trois quarts d'heures au spectateur avant de trouver ses repères (qui ? quoi? ou?), puis une autre heure pour comprendre vraiment de quoi il en retourne. La dernière heure du film est la plus passionnante, celle ou les événements et les rebondissements s'enchaînent enfin.
Killers of The Flower Moon étant un film plutôt contemplatif, c'est sans surprise que la photo qui l'accompagne est absolument magnifique. C'était vraiment essentiel. Et puis comme il s'agit d'un mélodrame aussi, le jeu des acteurs est évidemment crucial. On a beaucoup dit que c'était un rôle à oscars pour Di Caprio, mais c'est De Niro qui a plus de 80 ans, nous surprend encore avec son personnage de manipulateur machiavélique et malveillant. Le tout en restant très sobre et sans en rajouter comme il a pu le faire parfois. Les personnages féminins sont plus en retrait et moins développés, mais Lily Gladstone apporte une belle dignité à son rôle de proie et de victime (difficile en fait de la décrire autrement). La toute fin du film, sorte de mise en perspective de tout celà, est un peu étrange et troublante mais je vous laisse la juger.
En résumé il s'agit d'un bon film de Martin Scorsese, même si ce n'est pas vraiment son style habituel.Et le maître étant désormais octogénaire, on espère évidemment qu'il ne sera pas son dernier.
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