Scorsese fait du pur Scorsese en explorant une fois de plus le passé des États-Unis. Il n'y a pas grand chose à dire sur la forme qui est comme d'habitude très bonne. Sur le fond, le réalisateur revient sur l'histoire sombre des USA et ce que fonde son identité : le génocide des indiens, le racisme, l'amour de l'argent. La mort inexorable du peuple indien, tué par les guerres et la colonisation, l'est avant tout par une chose : l'argent. Les Osages incarnent cette décadence, eux qui, ayant des terres pleines de pétroles, acceptèrent le mode de vie occidental et la richesse, en échange de leur identité, de leur avenir et de leurs âmes. Scorsese touche du doigt un fait très juste historiquement : ce qui tue un peuple, ce n'est pas la guerre, mais l'argent, la soumission à l'argent contre le confort, le capitalisme étant le champion de ce système invisible qui soumet les peuples, détruit les identités et les cultures.
Scorsese montre également que cet amour de l'argent détruit aussi le peuple blanc, à travers le personnage de Dicaprio, qui se fait berner par son oncle par attrait de la richesse. Ce même oncle qui perd son âme et toute moralité pour accumuler une fortune, souvent au nom de la famille. La famille est un trophée de chasse du capitalisme, Holly en saura quelque chose.
Scorcese critique également la société américaine, qui fait justice à condition d'avoir de l'argent (20 000 dollars sont nécessaires pour que les pouvoirs publics bougent). Sans parler du racisme, qui pousse l'élite de l'époque à, au mieux, une indifférence vis-à-vis des malheurs des Osages.
C'est un film qui rend hommage aux Osages sans les épargner sur leurs erreurs, un film impitoyable sur l'identité des USA, et surtout un film contre l'héritage qui est le principal responsable des malheurs des personnages.
Alors pourquoi 7/10 ? Car à aucun moment le film ne parvient à exceller, il reste constamment bon, sans jouissance, sans génie, ni dans la mise en scène, ni dans la beauté des plans, sauf peut-être le dernier qui est assez marquant. Le scénario, qui raconte l'histoire du peuple Osage devenant très riche grâce au pétrole puis très malheureux à cause des rapaces blancs qui veulent les dépecer, est prenant. Surtout quand cela prend la forme d'une enquête sur tous les meurtres liés à la famille d'Holly, afin de toucher au plus vite l'héritage. Mais plus de 3h de film pour présenter ce drame... Était-ce bien nécessaire ?