Kinatay a tout du film qu'on aurait aimé défendre corps et âme. Mais que malheureusement on ne pourra évoquer qu'avec un léger trémolo de regret dans la voix. Un film qu'on aurait aimé défendre parce qu'il a tout de la pellicule tournée avec les tripes et la sueur. Les conditions techniques difficiles transpirent à l'image, le budget n'est visiblement pas passé dans le buffet du midi, et le script suinte l'implication émotionnelle totale de Brillante Mendoza dans son sujet. Seulement il y a des éléments rédhibitoires, des erreurs de découpage et de rythme énormes, qui font qu'on peut perdre aussi facilement un spectateur qu'on avait pourtant réussi à l'immerger.
Kinatay c'est l'histoire de Peping, jeune père philippin, qui mène une petite vie tranquille à Manille aux côtés de sa fiancée. Il prévoit de se marier et commence à se construire un avenir pour lui et les siens malgré l'âpreté de la vie dans son pays. Pour cela il suit des études en criminologie et, parallèlement, effectue quelques petits boulots pour un gang local, ramassant ici et là, les récoltes du racket des commerçants ambulants. Mais une nuit, happé par les mirages d'une grosse somme d'argent, il va se laisser entraîner dans le kidnapping d'une jeune femme et l'horreur du monde de la pègre locale.
C'est donc au travers des yeux de son protagoniste principal, véritable personnification du spectateur, que Brillante Mendoza va nous présenter ici toute la dualité d'une ville urbaine moderne, intrinsèquement violente. (...)