Un militaire à la fin : "Ils ont enfin tué cette bête, ils l'ont eu"
Carl : "Non, les militaires ne l'ont pas tué; c'est la belle qui a eu raison de la bête"



King Kong ! Je pense que tout le monde connaît ce singe mythique du 7e art dont sa seule présence est symbolique des films de gros monstres américains (comme son concurrent Godzilla pour les japonnais). Donc après un remake assez imparfait 1976 et une suite calamiteuse de 1986 (et je ne parlerais pas des versions japonaises qui montrent à quels points leurs récents Kaiju Eiga sont pourris), voici le remake par Peter Jackson. Résultat ? Bah on peut dire qu'il ne fait pas dans la demie-mesure.



Remake rafraîchissant...jusqu'à un certain point



Ce film est visuellement très beau et immersif. Nous avons une bonne ambiance de l’Amérique des années 30. Avec tout son charme et les conséquences de la Grande Dépression. L'univers est très réaliste et contraste fortement avec l'île de Skull Island qui est lui même très bien présenté. Et c'est aussi un handicap. En effet, l'imagerie est parfaite, mais un peu trop. Je trouve la représentation bien trop propre et lisse dans les 2 cas, mais cela vient du faite que Peter Jackson est trop perfectionniste avec les fonds verts et la démesure depuis le Seigneur des Anneaux et qu'on ne retrouve plus la même qualité organique que dans ...bah la Communauté de l'Anneau tient. Cela dit, il y a quand même des scènes plus réalistes, comme les scènes entre Ann Darrow et Kong sur l'île de Skull Island où on sent vraiment le réalisme, alors que lors de l'attaque des insectes contre l'équipage cela passe beaucoup moins


Surtout la scène où Jimmy mitraille les insectes géants sur Jack Driscoll sans que ce dernier n'ait la moindre balle perdue alors que Jimmy n'est même pas un tireur d'élite ! Bon ok, c'est pris dans l'adrénaline du moment et le choc de la mort de son mentor monsieur Hayes mais quand même.


Par contre le design de notre gorille géant est vraiment très réaliste, voir même plus que la planète des singes sortie 6 ans plus tard qui était déjà très réalistes (quoique moins que sa suite). D'ailleurs, je ne comprends pas les critiques envers sa modélisation en disant que le fait qu'il soit trop parfait soit gênant (c'est d'ailleurs la même critique que la Planète des Singes et le Monde de Narnia). C'est vrai que les animaux en images de synthèses sont en général très bien modélisés. Mais comparer aux films Asylum (oui Sharknado c'est de toi que je cause), ce n'est pas mauvais et la vallée dérangeante opère bien moins dans les blockbusters de ce type que dans les nanars les plus portés à nue par le public (sauf le Livre de la Jungle où là...je sens le malaise...sérieux vous les avez vus parler dans les trailers ?). Je dirais même que le fond vert et la performance capture est vraiment maîtrisée (là où dans le Seigneur des Anneaux, le fond vert commence à prendre de l'âge). Bref au niveau de la réalisation, on a du pour et du contre. Quant aux personnages, aussi.



Roméo - Kong , Juliette - Blonde et Carl le cinéaste



Déjà on va parler du personnage principal : Andy Serkis alias Kong et Lumpy. Il interprète très bien le personnage du Gorille géant à la fois terrifiant et empathique. Tombé sous le charme de Ann, il joue bien le gorille dans ce qu'il a de plus touchant et aussi effrayant


La scène de baston avec les dinosaures est juste dantesque


Ce n'est pas le personnage sur lequel le film s'articule (je suis très sérieux) mais c'est le personnage central et qui nous fait le plus éprouver de la compassion de cette légende vivante sur patte. En tant que personnage secondaire Lumpy, lui aussi il est excellent et nous fait regretter le fait qu'Andy joue beaucoup trop rarement des personnages humains ( sans performance capture). Oui le seul film que je retiens où il joue ce genre de personnage est Avengers : l'Ere d'Ultron. Le peu de temps qui lui est accordé est tellement classe qu'on regrette un peu qu'il ne joue pas lui même (oui on retient plus souvent la saga de Tolkien, ce film, la saga de la Planète des Singes et maintenant Star Wars). Surtout que là il joue le rôle d'un loup de mer même s'il est secondaire à l'intrigue (tient j'ai cru entendre Tintin à coté.


Ann Darrow (Naomie Watts) est un bon personnage féminin. Actrice comique chômeuse, elle saisie l'opportunité d'un film grandiose avec elle comme héroïne et par admiration pour le scénariste Jack Driscoll. Elle forme une bonne Juliette. L'ennuie est que ce genre de personnage même sous forme de love interest est maintenant obsolète. Ok à l'époque, on avait des Mary Jane Watson, cela dit, dans les films commençait à poindre des personnage féminins qui n'avaient pas que de la personnalité, même raté (genre, les 4 Fantastiques, les Elektra etc ...). Cela dit c'est cohérent dans le contexte (années 30) même si cela passe moins. Ensuite c'est même le personnage le plus malchanceux de tout le film. Elle a réussi à battre Peter Parker dans Spider-Man, on aurait dit Willy du film des Temples Maudits. Elle éprouve aussi la même empathie pour Kong et est parfaitement consciente de l'amour qu'il lui porte, alors que très clairement elle n'y éprouve que de l'affection. Au niveau de l'amour, elle en éprouve pour Jack que lui (ce qui est logique), mais après avoir été effrayée par la bête, elle a su avoir au delà des apparences. Elle est aussi comique ce qui n'est pas mal.


Mais l'attention est très portée sur Carl Denham (Jack Black). Bizarrement, je préfère plus Jack Black dans ses rôles tragiques que comiques (sauf lorsqu'il s'auto-parodie dans Tonnerre Sur les Tropiques). Et là il est en plein dedans. Il s'agit d'un réalisateur opportuniste et endetté qu'il pense qu'il va tourné le film du siècle en allant sur Skull Island. Il est sans scrupule et manipulateur et est totalement responsable des événements. Tout le film tourne autour de lui et est presque un personnage qu'on adore détester. Seulement, il y a une scène qui casse un peu le personnage, sa toute dernière scène. Très belle scène et très symbolique, cela dit, je ne pense pas que c'est le personnage le plus approprié de dire cette phrase. Ce qui rend le personnage encore plus fascinant si on regarde bien. Le grand réalisateur visionnaire qui n'a fait que gaffe sur gaffe allant même jusqu'à prendre Kong en traître pour le ramener avec lui et se faire de l'argent sur son dos. Waouh. Cela rend le personnage plus classe, alors qu'il était le plus détestable.


Jack Driscoll (Adrian Brody) est le chevalier blanc. Ni plus ni moins. C'est un scénariste embarqué bien malgré lui dans cette épopée et qui va se lier à Ann. Et bien sûr en tant que chevalier blanc, on n'échappe pas aux clichés du genre qu'il est le seul à savoir que Ann est vivante, qu'il va la sauver en dépit du danger etc etc. Mais bon, j'aime bien les quiproquos entre lui et Ann


Sinon, le reste, bah c'est du classique du genre. Entre les personnes qui vont poursuivre Carl, le cameraman et l'équipage qui est toujours enclin à mutiner (en même temps...), on a du beau monde. Mais bon ils sont plus fonctions qu'autre choses. Même Jamie Bell en tant que Jimmy ne m'a pas marqué plus que ça (à part la scène de toute à l'heure). Bizarre, c'est fou mais il me fait toujours penser à Tintin (en même temps il jouera Tintin).


Par contre aux niveaux des personnages, je n'ai qu'un problème à soulever : où sont les autochtones masculin ? On a des jeunes, des femmes ,des vieux mais des hommes nada. Il ne sont pas là ; seulement évoqués



La peur de l'inconnu ?



Au niveau de l'histoire, c'est grosso modo l'histoire qu'on connaît déjà. Cela dit, il exploite le thème de l'amour zoophile entre Ann et Kong. De leur rencontre, la manière qu'elle a eu à l'apprivoiser, les différents combats qu'ils ont eu à livrer, leur première séparation, leur retrouvaille, et la mort de Kong. L'histoire est assez fluide et est presque calquer sur Jurassic Park dans la structure et aussi Indianna Jones (surtout le Temple Maudit). Elle est très intéressante à une exception près, le climax final. Je le trouve inutilement épique.


Comme dans les films, on le voit monter l'Empire State Building avec Ann et dominer New York, ce qui symbolise sa place de dominant. Seulement voilà, juste avant il dépose Ann, montrant qu'il va se sacrifier. C'est très bien foutu, mais qu'est-ce que c'est long !!! Sérieusement ! Il avait largement le temps de descendre et de se cacher ! Pareil pour Ann, qu'est-ce qu'elle fait toujours là ? Tu sais qu'il va se sacrifier, tu sais que les aviateurs vont le tuer ! N'attends pas que Jack monte pour descendre ! Sérieux !


Oui et c'est bien dommage car le film aurait pu limiter le climax en 2 minutes et le rendre épique avec les ralentis ou je ne sais quoi. Mais là il dure 3 fois plus longtemps et c'est ennuyant. C'est même la seule énorme fausse note du film. Son final. Toutefois, le film n'oublie pas non plus ses enjeux et la soif du spectacle, respectant la mise en abyme du cinéma lui-même. Entre le réalisateur en quête d'un projet ambitieux qui reçoit des refus bien gratinés de la part de la profession, des acteurs (ou dans ce cas une actrice) assez paumée et n'ayons pas peur des mots pas top (je veux parler du personnage de Naomie Watts), King Kong qui symboliquement est le film lui même, à savoir récupérer l'icone afin de l'exhiber au public et enfin sa mort symbolique par ce même public qui finalement est effrayé par la créature et n'en veut plus. Bref, un sens de lecture qui se place très bien dans le cinéma des années 2000 où les blockbusters avaient pris un tournant décisif.

Not King of Kong



Bref, le remake dépoussière très bien le mythe du gorille géant et est un parfait entrainement pour le film Tintin aussi produit par Peter Jackson et la Planète des Singes pour Andy Serkis. Malheureusement, il souffre d'une réalisation un peu trop propre par moment et de la surenchère d'épique. Cela dit, la romance est parfaitement bien gérée. L'année prochaine sort le préquel Kong : Skull Island qui remettra le gorille sur le devant de la scène et un projet de King Kong Vs Godzilla est à l'étude. Le choc des monstres est de retour (oui on va oublier les faux pas Alien Vs Predator et Van Helsing...) !


Version fun de la critique ici

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le 23 mars 2016

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Neo Cosmic

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