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C'est seulement une semaine après l'anniversaire de la mort de Martin Luther King que sort le deuxième film de Deniz Gamze Ergüven. Après le très remarqué Mustang (meilleur premier film à Cannes, entre autres), la réalisatrice continue sur la voie de la dénonciation. Elle s'attaque ici aux violences policières sur les Noirs dans les années 1990. Malgré de bonnes intentions, la réalisatrice franco-turque déçoit pour son premier film au casting presque exclusivement américain.


Los Angeles, 1992. La jeune Latasha est assassinée par la gérante de la supérette qui croyait l'avoir vu voler du jus d'orange. C'est par ce terrible événement, d'une violence crue, que commence le film. S'en suit de nombreuses images d'archives sur le procès des policiers accusés d'avoir battu Rodney King, devenu ensuite un des symboles de la lutte contre les violences policières. C'est dans ce contexte de conflit permanent que Ergüven choisit d'installer ses protagonistes. On y trouve Halle Berry en mère tendre prête à tout pour ses enfants (et pas que pour les siens) qui offre un peu de douceur dans ce monde de brutes. On alterne sans cesse entre de belles scènes de bonheur familial dans la maison avec les images du procès diffusées à la télévision.


Mais c'est justement à cause de ce mélange de tons que le film tombe dans la maladresse. En instaurant des scènes comiques (celle du lampadaire en est un bon exemple) dans un environnement de guerre civile, Egüven ne va pas au bout de ses idées. Alors que Kathryn Biglow nous plongeait au cœur des émeutes raciales dans Détroit, la réalisatrice alterne tension dramatique avec situation burlesque et s'écarte de son sujet.


Tout le film se divise principalement entre le destin des adultes et celui des enfants. Parmis ces derniers, Jesse, incarné par le jeune Lamar Johnson, à qui Ergüven offre son premier grand rôle, se démarque pas sa sensibilité. Cependant, le personnage est mal exploité et le triangle amoureux qu'il forme avec Rachel, une gamine insupportable, et un autre ado du quartier est mal maîtrisée. Tout comme la romance entre les personnages de Halle Berry et Daniel Craig. La réalisatrice a choisi d'intégrer une histoire d'amour à son film entre Millie et le seul Blanc du quartier ainsi qu'une scène de fantasme ridicule. On se demande bien pourquoi !


C'est en 2005 que Deniz Gamze Ergüven assiste à des émeutes dans les banlieues françaises puis découvre celles qui ont eu lieu en 1992 à Los Angeles. À la manière de Détroit, la réalisatrice arrive tout de même à recréer le climat d'enfer du South Central où tout est en flammes, où chaque coin de rue est un piège. Mais elle se contente surtout de nous montrer (ou nous rabâcher) ces émeutes à travers des images d'archives. Malgré un sujet ainsi qu'un casting ambitieux, Kings échoue avec des intrigues inachevées et une mise en scène baclée qui ne s'attarde pas assez sur ses sujets ; la faute à une durée de film trop courte (que 1h30).

mad_math
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le 21 avr. 2018

Critique lue 207 fois

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