Kinski Paganini
4.4
Kinski Paganini

Film de Klaus Kinski (1989)

Sacré phénomène ce Klaus Kinski : on a beau se mettre dans les meilleures conditions, le visionnage de son film reste une incroyable expérience. Je savais que ce projet lui tenait beaucoup à cœur et qu'il avait demandé à Herzog de le réaliser depuis longtemps, et c'est suite à un énième refus qu'il se lança lui-même dans la réalisation. Par contre, je ne savais pas que Kinski voyait en Paganini une sorte de double, de surmoi peut-être : selon lui, ils avaient énormément de choses en commun, comme par exemple leur dévouement absolu à la cause artistique, leurs excès en tous genres, et les controverses qui ont émaillé leurs parcours respectifs. Bon, soit, pourquoi pas.


Sauf que ce qui est très drôle, ridicule, passionnant, fascinant même, c'est que Kinski se film en Paganini d'une manière... unique. Quand le Paganini de Kinski joue du violon, il se tape une grosse érection et suscite l'embrasement de toute l'audience, et en particulier la gent féminine. Les femmes ne savent plus comment se tenir pendant ses concerts, elles gémissent inexorablement comme sous l'effet d'un sort, à deux doigts d'imploser de désir inassouvi. Kinski va jusqu'à insérer des plans d'un immense étalon pénétrant une jument en montage alterné pendant que ces femmes sont en transe, pour figurer leur état d'esprit... Et dans cette logique, on a droit à une pléthore de séquences toutes plus surréalistes les unes que les autres, dans lesquelles des femmes crient qu'elles voudraient être à la place de celle qui est en train de lui faire une fellation, jamais satisfaites à toujours vouloir un dernier coup. Et lui qui termine sur une scène où il joue jusqu'au sang. Je m'attendais à quelque chose de très différent de l'immense navet récemment réalisé par Bernard Rose (2013, Paganini, le violoniste du diable), mais alors pas de ce niveau-là. Quand Kinski tient un enfant dans ses bras, quand bien même ce serait le sien — dans le film et dans la réalité —, on n'est pas vraiment serein...


On a envie de l'aimer ce film, et même si c'est difficile, on peut en rester à l'état de sidération. Le montage laisse à désirer, le rythme est abominable, le doublage est horrible, et c'est globalement un sacré bordel. Complètement barjot, ce Kinski, ça on le savait, mais alors ici ça relève autant de la psychiatrie que du génie. Et, encore une fois, j'ai une admiration infinie pour Herzog qui s'est lancé en pleine connaissance de cause dans tant de projets avec Kinski à l'autre bout du monde...

Morrinson
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le 9 sept. 2019

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