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Impossible de parler d’un tel film à chaud. Il faut lui laisser du temps, qu’il s’insinue en nous pour mieux le digérer et l’appréhender. Saisir que ce film n’est clairement pas comme les autres, réalisé et monté par un homme qui n’a que faire du public, tant que lui s’exprime. Ainsi peut-on voir Knight Of Cups comme le film d’un réalisateur démiurge, peu avenant, ne donnant aucune indication, ce que beaucoup de spectateurs refusent. Spectateurs arguant, bloqués dans leur vision télévisuelle des images, que celui-ci est une pub de parfum de deux heures. Malick semble assumer sa réalisation, montant son film comme un puzzle incompréhensible au premier abord mais qui joue souvent sur les oppositions entre bien et mal, beauté et vacuité. Au milieu erre un Christian Bale mélancolique, au regard fuyant, passant du coq à l’âne, comme un pantin maltraité par un Dieu invisible qui se trouve dans son cerveau. Nos cerveaux dirons-nous même car les voix-off, omniprésentes, sont celles de chaque personnage qu’il croise, faisant de la narration un imbroglio pensif.
Knight Of Cups est un film qu’on doit retenir, car il nous fuit pour mieux nous retrouver. Parce qu’il parle à tout le monde et personne à la fois, qu’il file à un rythme presque expérimental, sans consistance alors que les images s’enchaînent à une vitesse effrayante. Aussi parce qu’il épuise – avec ses courtes focales répétées – autant qu’il fascine dans la sensation irréelle qu’il procure, la nostalgie d’un monde inaccessible. Knight Of Cups est tout à la fois, la perte de sens comme l’accomplissement d’une vie, aussi vide et inintéressante puisse-t-elle être par moment.