Krysar, le joueur de flûte de Hamelin
7.6
Krysar, le joueur de flûte de Hamelin

Long-métrage d'animation de Jiri Barta (1986)

Krysar, le joueur de flûte de Hamelin est – n’ayons pas peur d’employer un gros mot – un chef-d’œuvre. Surprenant, sombre, stylisé, impeccable, ce film d’animation brise les codes pour les recomposer à sa sauce. Dans un format de moyen métrage qui ne se perd pas dans les digressions, il est percutent et efficace.


L’histoire nous est connue. Conte de notre enfance, le joueur de flûte d’Hamelin est un classique de la littérature enfantine qui est transcendé ici. Ce film tchécoslovaque, réalisé par Jiri Barta, mérite bien des éloges.


Sur le style d’abord. Le choix de réaliser une histoire mêlant marionnettes, décors en bois, prises de vue réelle, peintures, n’est pas dénué d’intérêt. Il met en relief cette histoire – au sens propre et figuré – lui donnant du corps et une profondeur qu’une somme quasi inépuisable de références vient rehausser. On perçoit ainsi les héritages du surréalisme allemand tant au niveau de la peinture que du cinéma. Les références cinématographiques sont d’ailleurs indéniablement inspirées du surréalisme par l’usage de la distorsion et des annulations de perspectives. Le choix du bois est aussi un parti pris plaisant qui lui permet de conserver une certaine fraicheur.


Sur l’interprétation, on peut apprécier le talent de jongleur du réalisateur qui tour à tour fait de la ville une sorte de Gomorrhe, l’enfer, mène une critique subtile de la société capitaliste (n’oublions pas qu’il s’agit d’un film réalisé du temps de l’URSS), une critique de la société de marché, la noirceur de l’âme humaine, renvoie aux références littéraires telles que Ionesco avec Rhinocéros ou la Bible. Subtile pour une film d’animation qui s’adressera donc plus à des ados et des adultes plus qu’à des enfants qui risquent d’apprécier certaines scènes particulièrement glauques comme lorsque le boucher tue un bœuf ou la scène du viol de la fileuse de laine très largement suggérée…


Sur l’ensemble, une claque visuelle, intelligente, brillante même et un conte modernisé et sombre qui présente une histoire de vengeance contre une ville pourrie par son amour pour l’argent. Un film truffé de références et de clins d’œil subtils. Tim Burton ne renierait certainement pas ce film s’il était de lui.


Chef-d’œuvre à découvrir !

ThomasValero
8
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le 21 févr. 2017

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Thomas Valero

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