Ce film aurait pu être magnifique par son seul sujet , le pèlerinage Khumb Mela sur les rives du Gange, qui rassemble jusqu'à 100 millions de personnes dans une ferveur mystique. Et il est clair que les images frappent fort et vous assaillent d'entrée de jeu. Filmé au plus près de la réalité, entre les pèlerins crasseux, parmi les tentes de ravitaillement, près des chars religieux, dans l'intimité des gurus et des enfants, cet excellent documentaire vous en met plein les yeux. Pas au sens de sa maestria, (dont il est malheureusement un peu dépourvu), mais simplement par l'étrangeté et la beauté aussi de ce qui est filmé.

J'ai trouvé particulièrement intéressant les interviews avec les sahdus, sortes de babas cools rasta presque nus et adeptes de yoga et autres contorsions plus ou moins convaincantes. Ces pauvres parmi les pauvres ont renoncé à tout, sauf à la fumette, activité qu'ils pratiquent assidûment. L'un d'entre eux devient le centre temporaire du documentaire, en nous racontant sa relation filiale avec un bébé qu'il a trouvé et adopté et dont il semble s'occuper avec un amour touchant de simplicité. L'insertion de ce récit individuel dans le cadre (assez anxiogène de prime abord) du Kumbh Mela fait chaud au cœur et interpelle l’occidental que je suis.

Il est dommage que le film déborde ensuite vers une recherche de l'"intéressant" en se concentrant longuement sur un enfant fugueur absolument pas sympathique (graine de gangster et peu souriant) et vers un jeune couple qui a perdu son enfant dans la foule immense et grouillante du pèlerinage (après une semaine, près de 135 000 personne sont déjà portées disparues) . On suivra avec peu de profit l'enfant fugueur dans ses rencontres avec les policiers locaux et les gurus en place, tandis que la recherche du jeune couple pour leur fils est assez désespérante (avec pour moi un fort soupçon de mise en scène).

En privilégiant trois histoires individuelles, le film passe donc parfois à côté de son sujet qui devrait être cette spiritualité dévorante qui meut des foules immenses, et ne fait qu'effleurer des aspects sombres de ce vaste rassemblement humain (trafic d'organes, d’enfants, mafias locales sont évoqués malgré tout). Reste que les images sont très belles, que le sujet en soi est une source d’émerveillement et que l'on réalise en les voyant à quel point notre monde européen n'est peut-être que la frange dorée et un peu insipide du véritable monde des hommes.

Je vous recommande ce documentaire étonnant avec cette réserve que la scénarisation prête le flanc à la critique et que certaines longueurs vous agaceront peut-être.
nostromo
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 21 août 2014

Critique lue 426 fois

2 j'aime

nostromo

Écrit par

Critique lue 426 fois

2

D'autres avis sur Kumbh Mela, sur les rives du fleuve sacré

Kumbh Mela, sur les rives du fleuve sacré
nostromo
7

Le plus grand rassemblement humain...

Ce film aurait pu être magnifique par son seul sujet , le pèlerinage Khumb Mela sur les rives du Gange, qui rassemble jusqu'à 100 millions de personnes dans une ferveur mystique. Et il est clair que...

le 21 août 2014

2 j'aime

Kumbh Mela, sur les rives du fleuve sacré
Cine2909
7

Critique de Kumbh Mela, sur les rives du fleuve sacré par Cine2909

Si vous voulez un documentaire dépaysant alors vous ne serez pas déçu par ce voyage ! Nous sommes ainsi projetés en plein cœur du Kumbh Mela, un rendez-vous spirituel aux proportions gigantesques. Le...

le 8 oct. 2014

Du même critique

The Leftovers
nostromo
4

La Nausée...

Saison 1 seulement ! (Et pour cause!) The Leftovers n'est pas vraiment une série sur la "rapture" chrétienne, ni sur les extra-terrestres ou tout autre concept fumeux... Il y est plutôt question de...

le 29 sept. 2014

36 j'aime

10

Le Tombeau des lucioles
nostromo
10

La guerre, oui, mais d'abord l'enfance...

Quand j'ai vu "Johnny got his gun", je savais très bien à quoi m'attendre. Et ça ne m'a guère aidé... Pour "Le Tombeau des lucioles", je n'avais aucune idée de ce que j'allais voir, et je vois bien...

le 17 avr. 2013

35 j'aime

4