Omar,ouvrier du bâtiment francilien,part en vacances en Tunisie d'où il ramène Zohra,une jolie fleur du désert.Tout va bien,ils se marient,ont une petite fille,et la blédarde découvre émerveillée le monde magique des HLM,des transports en commun et des centres commerciaux.Le conte de fée va cependant se dégrader quand son jules montre son vrai visage,celui d'un type jaloux,possessif,manipulateur et violent qui se met à torgnoler sévère sa mousmé.Elle voudrait bien se barrer mais elle a peur de perdre sa gamine,très attachée à son papa.En désespoir de cause,elle entreprend de suivre des cours de kung-fu avec un vieux Chinois qui ne parle pas un mot de français.Le réalisateur et scénariste Mabrouk El Mechri avait impressionné en 2008 avec son très original "JCVD",mais la suite fut moins glorieuse.Après un thriller américain foireux,"Sans issue",il s'est surtout consacré à des séries télé comme "Maison close" ou "Nox".Quand "Kung-fu Zohra" sort en 2021,ça faisait neuf ans qu'il n'avait pas tourné pour le cinéma.Produit par Les Films du Kiosque de François Kraus et Denis Pineau-Valencienne,l'oeuvre ne va pas redorer le blason terni d'El Mechri.Il s'agit d'un film hybride mêlant comédie,arts martiaux et surtout plaidoyer contre les violences conjugales,quelque part entre "Plus jamais" et "Karaté Kid".Le ton incertain de l'ensemble aboutit à ce que ça ne fonctionne sur aucun plan.L'aspect comique est peu présent et pas efficace,les combats sont peu nombreux et tardifs,le brûlot socio-féministe se dilue au fil de scènes ennuyeuses et répétitives.Parce que ça rame là-dedans,et ça n'avance à rien.L'irrésolution de l'héroïne est agaçante,la façon dont la fillette se laisse manoeuvrer par son père révoltante,et tout ça se traîne lamentablement d'entraînements poussifs en sorties d'école et de passages en caisse en guerre larvée entre époux.Visuellement c'est nul et le réalisateur,qui se prend pour un styliste,nous régale de plans mollassons à chier et de séquences mal rythmées.Si on ajoute à ça une photo dégueulasse,une musique insupportable,une prise de son déficiente,des acteurs qui articulent moyen et des décors ignobles,normal on est en région parisienne,ça fait beaucoup à subir.Sur le fond on se prend notre généreuse rasade de discours à la mode,le genre MeToo,machisme primaire,toxicité masculine,ruée vers le féminicide et tout le bastringue.Tout ceci existe bien sûr,mais il est douteux que le film fasse avancer la réflexion sur le sujet.La morale est que tous les hommes sont des brutes dégénérées,seul le prof de castagne asiatique échappe à la vindicte de l'auteur,et toutes les femmes de pauvres victimes innocentes.La solution serait donc de résister en allant sur le terrain des mecs,c'est-à-dire de leur foutre des branlées.A cet égard ce film est dangereux,dans la mesure où il fait croire aux nanas qu'elles peuvent rivaliser physiquement avec les hommes.Ca peut arriver si la fille est maquée avec un avorton façon chroniqueur de Quotidien,mais c'est quand même exceptionnel.Si les sexes existent,c'est qu'il y a une bonne raison,c'est pour permettre aux poilus de se défouler sur leurs gonzesses.Blague à part,les forces en présence sont inégales,demandez-vous pourquoi des athlètes trans aux résultats masculins pas terribles deviennent des championnes dans les épreuves féminines,même traités aux hormones,alors que l'inverse n'arrive jamais.On se dit pendant tout le film que Zohra devrait abréger ses souffrances en poignardant l'autre connard pendant son sommeil,ça ce serait la bonne attitude.Mais non mesdames,n'allez pas apprendre le kung-fu,c'est trop long pour acquérir un niveau correct,et trop aléatoire car votre chéri vous mettra quand même la misère dans 90 pour cent des cas.Alors le bon conseil,c'est armez-vous!Prenez des couteaux et des machettes,même si c'est maintenant interdit,des haches,des tournevis,des marteaux,des sprays de gaz lacrymaux,il y a plein de trucs sympas chez Bricomarché.Allez faire du self-défense si ça vous amuse,mais ne comptez pas trop vous en tirer grâce à ça,préférez la quincaillerie.Sinon le combat final entre époux est bien foutu,enfin il se passe quelque chose et ça déménage,mais il survient bien tard.Sabrina Ouazani est très à l'aise et confirme son statut d'actrice physique,c'est un peu notre Michelle Rodriguez nationale,en plus jolie et meilleure comédienne.Ramzy Bedia prouve de son côté qu'il peut s'adapter à n'importe quel personnage,et il compose un fumier manipulateur de première grandeur,soufflant alternativement le chaud et le froid.Les seconds rôles ont peu de place pour exister mais font le job,à l'image d'Eye Haïdara en conductrice de bus et bonne copine énervée par la situation,du vieux Shue Tien en Pat Morita de la zone,à ce propos n'est-il pas légèrement raciste que les asiatiques soient toujours forcément des as du karaté?,Matthieu Burnel en vigile bas de plafond et l'éternellement parfait Karim Belkhadra.La mouflette qui joue la meilleure amie de la fille du couple vedette s'appelle Ali El Mechri Efira.Comme le nom l'indique elle est le fruit des amours passées de Mabrouk et de Virginie Efira.