La beauté du cinéma de propagande soviétique

Je n'avais rien vu de Mark Donskoï jusqu'ici. Attiré par cette superbe pochette, je n'ai pas pu m'empêcher de l'obtenir. URSS, 1944. Nous sommes donc en pleine seconde Guerre Mondiale et ce n'était pas une surprise si un film de propagande voyait le jour, glorifiant l'avancée de l'Armée Rouge sur les nazis impitoyables (pléonasme que vous me direz). Ici, nous serons amenés à suivre le quotidien de villageois sous le joug du Troisième Reich. Les hommes contrôlent le hameau d'une poigne de fer et sont bien décidés à garder leur autorité jusqu'au bout, sanctionnant chaque travers, chaque audace, chaque acte de résistance des quidams exprimant leur rancoeur face à tant d'injustice et de cruauté. Pour réduire une population sous silence, la terreur est de mise et quoi de mieux que de s'en prendre aux êtres les plus fragiles et les plus purs (SPOILER : les enfants). S'il y a bien une chose que j'ai remarqué (mais ce n'est que mon point de vue) est que le vieux cinéma soviétique avait beaucoup moins de tabous et une acceptation d'une violence plus prononcée, du moment qu'elle desservait un propos pro-gouvernemental. Je prendrai l'exemple de "Dura Lex" de Lev Koulechov et "La Terre" de Alexandre Dovjenko (dans ce dernier cas, une femme dénudée du haut se tient les seins en hurlant, et on était en 1930).


Dans le cas présent, les fusillades et exécutions ne sont pas rares, Donskoï n'hésitant pas à filmer l'enfant tombant au sol. Malgré ses 77 ans, "L'Arc-en-ciel" interpelle et nous permet d'apprécier une liberté de création étonnamment novatrice. Ceci étant dit, on pourra lui reprocher le défaut de tout film de propagande : une absence de subtilité, heureusement bien moindre que si je prends l'oeuvre anglaise "Went The Day Well ?" dont j'y ai vu quelques accointances. En chipotant un peu, la musique amplifiée lors des scènes déchirantes pourra gêner. Enfin, les amoureux d'esthétique apprécieront un noir et blanc flamboyant magnifiant ces étendues gelées à perte de vue.


"L'Arc-en-ciel" apparaît comme l'une des plus belles prouesses du cinéma propagandiste qui filme de manière juste les atteintes les plus élémentaires à la dignité humaine Un film qui mériterait d'avoir droit à une meilleure exploitation.

MisterLynch
8
Écrit par

Créée

le 19 sept. 2021

Critique lue 120 fois

1 j'aime

MisterLynch

Écrit par

Critique lue 120 fois

1

D'autres avis sur L'Arc-en-ciel

L'Arc-en-ciel
MisterLynch
8

La beauté du cinéma de propagande soviétique

Je n'avais rien vu de Mark Donskoï jusqu'ici. Attiré par cette superbe pochette, je n'ai pas pu m'empêcher de l'obtenir. URSS, 1944. Nous sommes donc en pleine seconde Guerre Mondiale et ce n'était...

le 19 sept. 2021

1 j'aime

L'Arc-en-ciel
Serge-mx
10

La guerre du renseignement

Ce film de guerre mérite une attention spéciale grâce à la mise en scène de Marc Donskoï. Détail intéressant : il montre comment une bataille se gagne aussi grâce au renseignement [1h12].

le 11 févr. 2023

L'Arc-en-ciel
Herve55
9

Magnifique

Un film MAGNIFIQUE , non pas de guerre mais sur la guerre . Toute la maitrise de l' école sovietique ( sauf les gros plans et la vitesse ) est à l' oeuvre . La propagande n' est pas agressive et...

le 1 août 2020

Du même critique

Malmkrog
MisterLynch
4

Que tout ceci est époustouflifiant !

Au démarrage de cette critique, je suis à la fois confus et déçu. Confus parce qu'il m'est bien difficile de mettre des mots sur ma pensée et déçu parce que Cristi Puiu était considérablement remonté...

le 25 juil. 2021

4 j'aime

9

Ménilmontant
MisterLynch
9

Là où tu iras, il n'y a pas d'espoir

Ce n'est que tardivement que j'ai connu Dimitri Kirsanoff dont j'eus le plaisir de faire un démarrage en fanfare dans sa filmographie. Ménilmontant c'est avant tout une entrée en matière d'une...

le 5 mars 2021

4 j'aime

1

From What Is Before
MisterLynch
8

Un léger bruit dans la forêt

Mes débuts avec Lav Diaz ne s'étaient pas du tout déroulés comme je le pensais. Avec "Norte, la fin de l'histoire", je sortais épuisé et déçu de cette séance qui n'eut pour moi qu'un intérêt proche...

le 19 févr. 2021

4 j'aime