Un film malheureusement bancal, qui nage entre la justesse et le ridicule. Il sonne parfois faux ou grossier, et quand bien même, il reste vraisemblable, il y a parfois quelque chose qui semble forcé. Notamment l'introduction qui se fait dans une véritable cacophonie ubuesque. Le personnage d'Alex qui arrive au même moment, est un peu notre reflet, il déteste cette ambiance dans un premier temps, mais va ensuite détester ses supérieurs qui rejettent des jeunes en difficulté, puisqu'il n'y a pas assez de place.

On retrouve ici des jeunes LGBTQI rejetés par leurs parents et donc à la rue, qui seront pris en charge par cette association. Une association dont les principaux équipements sont issus de dons (spécifiquement ce fameux ordinateur encore sous Windows XP, ce qui parait invraisemblable, puisqu'il n'est plus supporté depuis 2016). C'est aussi l'occasion de voir comment fonctionne une telle asso, en particulier niveau juridique, il est par exemple interdit d'héberger des mineurs (sans prévenir les autorités), et la manière peu compatissante que les personnes ont de gérer l'asso : chacun s'occupe de ses problèmes, l'asso s'occupe d'aider à la réinsertion, au bout du six mois, vous dégagez.

Certains personnages se veulent énervants, peut-être malgré eux, mais il est difficile d'éprouver de l'empathie à leur égard. D'autres arrivent à être plus juste, notamment les personnages plus calmes, étonnement, comme celui de Melvin (joué par Victor Mermaz) qui exprime le mieux sa détresse via son silence (et oui, prenez-en de la graine), ou encore Brian (joué par Martin Daquin) qui semble bien perdu quand il trouve enfin une vie indépendante. Et étonnement, Valérie Lemercier est très juste dans son rôle, à la fois toujours pressée, mais aussi perdue dans son propre rôle au sein de l'asso.

D'autres beaucoup moins, comme ce personnage qui doit faire face à une sombre histoire de deadname et de Peugeot 206. Et d'autres ne paraissent quasiment pas traités du tout, comme celui originaire du Nigéria. Il est question aussi de l'amour-propre de chacun, certains continuant volontairement à se dénigrer ou à nier leur sexualité pour être acceptés à nouveau par leur famille.

Bref, ce n'est pas toujours facile de faire un film choral avec que des personnages bien traités. L'Arche de Noé y réussit à moitié, et ce n'est déjà pas si mal. Mais il est vrai que ce n'est pas toujours simple de mettre en valeur ces personnages, qui ont certainement des traumas avec lesquels vivre, et qui restent des personnes rejetées de la société, leur comportement est tout à fait cohérent au sein du film. J'imagine.


(Vu le 26 novembre 2023, au cinéma)

On en parle dans le Ciné-florg #63

Tiflorg
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le 5 déc. 2023

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