Zombie soit qui mal y pense

Pourquoi aller voir L'armée des morts quand le petit écran propose sa The Voice et Master Chef ? Parce que les morts vivants de ce remake de Zombie sont bien plus réels que ceux de TF1. Pour ne pas dire plus intelligents… Mais la dernière fois qu'un zombie intelligent a été aperçu, il a été viré de la présentation du journal de 20 heures.
Car le zombie est une denrée fascinante mais difficilement contrôlable. Content ou pas, il vous dévore dès qu'il vous aperçoit. Ce qui le différencie de Massimo Gargia, trop fainéant pour s'attaquer à vous tant qu'on ne vous aura pas cuisiné et posé sur un plateau d'argent. Mais le zombie aime la viande tartare, encore chaude et saignante. C'est bien pour ça qu'on l'aime.
Alors le réalisateur revient aux bases : un être dont le cerveau a fondu et qui ne pense qu'à mordre son prochain. Vous aurez reconnu Jean-Luc Reichmann, l'humour en plus.
Car comme tout bon divertissement du samedi soir, L'armée des morts n'oublie pas de poser des questions, à défaut d'y répondre.
Le film se passe à Milwaukee et, pour une raison inconnue, la quasi-totalité de la population se transforme en zombie, du jour au lendemain. Un peu comme les électeurs de Floride en novembre 2000, mais sans manipuler quoi que ce soit… Quelques survivants se réfugient… dans un centre commercial et concoctent un plan à la McGyver pour échapper aux suppôts de Paul-Loup Sulitzer.
Quand le temple de la consommation devient l'ultime refuge des vivants, ne sont-ils pas déjà morts ? La thèse du film plaira aux amateurs de films de série Z, qui voyaient dans les monstres mutants de leurs films préférés des métaphores de la guerre froide, de la pollution ou de Michael Jackson.
Malgré les apparences, il faut être plus qu'un zombie pour apprécier les temps morts (vivants ?), l'humour et le cynisme terrifiant de ce film. Les couleurs saturés, les acteurs parfaits et la mise en scène délicatement morbide font de ce film de studio un délicieux exercice de style, à la marge des blockbusters que tente de nous imposer Hollywood.
A déguster cru ou en ragoût. Pas besoin de rajouter de la sauce tomate.