S'il y a bien un cinéaste français qui a marqué de son empreinte le septième art, c'est Melville. Il faut dire que son cinéma est biel loin de ce que l'on connaît actuellement en France. Ainsi, ce cinéaste apporte énormément de précision quant à ses plans, il préfère les longs silences aux discours inutiles, il fera ses lettres de noblesse dans le film noir, etc.
Ici, Melville rend un hommage assez incroyable à la Résistance française durant l'Occupation. Incroyable car il n'y a pas de chichis, pas de glorification, pas d'exagération. On intègre la Résistance avec ce que ça comporte comme bons et mauvais côtés.
Pour cela, il se dote une nouvelle fois d'un casting prestigieux. Lino Ventura dans le rôle phare. Et celui-ci est accompagné par Simone Signoret, Paul Meurisse, Jean-Pierre Cassel, Crauchet, Mann, Barbier et en plus de cela, une apparition remarquée de Serge Reggiani. Excusez du peu...
Un premier plan fixe, des soldats défilant sur les Champs Elysées. un premier plan remarquable car entièrement maîtrisé. Et ce n'est pas du tout le seul. Mais une chose est certaine, on ne reverra jamais un cinéma français comme celui-là. Quelques scènes sont également très dures, et on peut prendre comme exemple l'assassinat du traître. En réalité, si l'ensemble de l'oeuvre est incroyable, on peut dire que les deux plus grands moments restent ceux du début et de la fin. En effet, cette dernière est tout bonnement magnifique.
Mais là où Melville fait fort aussi, c'est donc dans le traitement du sujet. La Résistance, c'est pas glorieux tous les jours. En effet, on doit se cacher, on doit parfois tuer des gens, on est parfois constitué prisonnier et on a cette chance de s'échapper que certains n'ont pas, on vit constamment dans une certaine peur, on est toujours sur ces gardes, on doit parfois trahir, et il est préférable de ne pas vous dire ce qui peut vous arriver lorsque vous êtes capturés...
Bref, Melville parvient à retranscrire tout cela à travers L'armée des ombres. Ce n'est pas une glorification de la Résistance, c'est juste le réel. Il faut dire que Melville connaît très bien cette époque pour avoir lui-même vécu l'Occupation et la guerre. Il participa avec les Forces Libres aux campagnes d'Afrique, d'Italie et de Provence. Bref, Melville connaît bien le monde de la guerre. D'ailleurs, un sosie de De Gaulle apparaît ici dans ce film puisqu'il récompense Luc Jardie pour les services qu'il rend à la France (Melville recevra pas mal de critiques pour cela. La France sort tout juste des événements de Mai 68, De Gaulle était au pouvoir lors de ceux-ci. On dit que Melville continue à vouer une trop grande fidélité à l'ancien président français). On peut aussi ajouter que cette oeuvre n'est pas la première à évoquer ce thème.
Revenons-en aux acteurs. Lino Ventura est formidable. Une prestance et un charisme à toutes épreuves. Un rôle qui est particulièrement silencieux mais qui reste d'une force incroyable. Simone Signoret joue jeu égal avec l'acteur ancien lutteur. Pour les seconds rôles, de Meurisse à Barbet, ils sont tous parfaits. Bref, un casting cinq étoiles, des acteurs d'une classe dont on ne fera plus non plus.
Et puis, il y a cette fin. Sublime. Une voiture qui déboule. Mathilde sur le trottoir, la voiture s'arrête à sa hauteur. A l'intérieur, les quatre hommes de la Résistance. Tous savent qu'il n'ont pas le choix, car bien malgré elle, Mathilde met en danger ces hommes. Deux coups de feu, la voiture s'en va et des cartons indiquant le futur de ces personnages. Il est tragique. Formidable conclusion. On notera d'ailleurs une certaine ressemblance entre le destin de Luc Jardie et celui de Jean Moulin.
On terminera par dire que la musique, signée Eric Demarsan est tout bonnement sublime et qu'elle ne fait que renforcer tous les sentiments qui nous traverse à la vision de l'oeuvre de Melville.
Si la perfection n'existe pas, L'armée des ombres est un film qui s'en approche le plus...
batman1985
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le 6 mai 2011

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batman1985

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