Réunir à l'écran Redford et Newman était déjà la promesse d'une distribution haut de gamme. Mais George Roy Hill ne s'est pas contenté du minimum, il a apporté à son film ce qu'il y avait de meilleur dans chaque domaine. Des décors somptueux, une musique entrainante, une histoire hypnotique, un casting sans erreur... rien n'est laissé au hasard pour jouer avec les émotions du spectateur.


L'arnaque est un pur divertissement, des personnages qui ont de la gouaille, des situations jouissives. Le charisme magnétique de Newman, qui agit comme un trou noir sur tout ce qui l'entoure, absorbant jusqu'à la présence même de Redford. Posé, réfléchi, calculateur, stoïque, il excelle dans ce rôle taillé sur mesure. En bleu de chauffe ou en smoking, la classe ne s'encombre pas de la couleur du tissu. A l'opposé, Redford gambade, aboie, ses sentiments sont exaltés, son personnage est fait pour le mouvement. Il court, saute et éclabousse le film de son énergie.


Mais que serait un duo d'acteurs sans le reste. Un reste qui fait ici toute la différence avec une production lambda. Impossible de rester de marbre devant la justesse des décors. Dès cette intro où la caméra suit le cours de cette rue, au détour d'une ruelle sans témoin, d'un repas pris sur un zinc ridé ou un entrepôt aux espaces de cathédrale. Tout sonne juste, tout est vrai. Pour accentuer encore cette richesse, la musique inspirée de Scott Joplin tisse une ambiance sonore parfaite, un ragtime accompagnant les personnages sans jamais les étouffer.


Aux côtés de Redford et Newman, la troisième vedette du film se dévoile minute après minute : le scénario. Non content de distiller une intrigue qui happe le spectateur deux heures durant, les dialogues canailles jouent avec les émotions. George Roy Hill maitrise son sujet, il est modeste et parfaitement conscient des enjeux de son histoire. Il ne joue ni sur les effets ni sur sentiments. Le plaisir que procure son film est toujours grandissant car jamais on ne se sent floué. Il y a une grande honnêteté derrière ce projet, l'ambition sereine de produire un métrage de divertissement sans prétentions intellectuelles ou envolées mystico artistiques.


L'arnaque est une œuvre sur la victoire des audacieux, sur l'intelligence et le courage. Mais surtout sur l'amitié et les nobles valeurs qu'elle engendre. Un de ces films qui devrait être remboursé par la sécu pour le bien être qu'il procure.

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le 2 avr. 2015

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Alyson Jensen

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