On nous avait vendu "L'Art de l'autodéfense" comme une pépite d'humour noir, une satire cinglante de la masculinité toxique, le genre de film qui vous ferait rire jaune tout en vous faisant réfléchir. Résultat des courses ? On est plutôt resté de marbre, voire carrément agacé, face à cette démonstration d'un ennui savamment orchestré.
Dès les premières minutes, le ton est donné : platitude des dialogues, acteurs débitant leurs lignes sans la moindre inflexion, et une esthétique clinique qui se veut "stylisée" mais qui, en réalité, frise l'indifférence. Jesse Eisenberg, fidèle à lui-même, campe un énième personnage de timide socialement inadapté. Jusque-là, pourquoi pas ? C'est sa marque de fabrique.
Le problème, c'est que le film semble se complaire dans cette apathie, à tel point qu'on se demande si le réalisateur, Riley Stearns, n'aurait pas oublié d'injecter une once de vie, ou de véritable humour, dans son projet.
Le propos, sur la masculinité, ses codes ridicules et ses dérives sectaires, est certes louable.
Sauf que "L'Art de l'autodéfense" ne fait qu'effleurer le sujet, sans jamais l'approfondir ni le dynamiter.
On attend le coup de grâce comique, la réplique qui tue, la situation qui dérape brillamment. On attend... et on attend encore.
Les gags sont étirés, les situations prévisibles, et l'absurdité du propos, censée être mordante, finit par s'enliser dans une répétition soporifique. C'est une satire qui n'a pas les crocs, une comédie noire dont les nuances sont si grises qu'on finit par ne plus y voir de couleurs.
Le personnage du Sensei, interprété par Alessandro Nivola, tente bien de donner un peu de relief à l'ensemble avec son charisme froid et ses injonctions absurdes, mais il ne suffit pas à sauver le navire de l'ennui. On a l'impression d'assister à une longue succession de sketchs qui auraient pu être drôles, mais qui se sont perdus en chemin, noyés dans une pose "arty" et un manque criant de rythme.
En fin de compte, "L'Art de l'autodéfense" se prend tellement au sérieux dans son intention de ne pas se prendre au sérieux, qu'il en devient juste... sérieux. Et pas dans le bon sens du terme. On ressort de là avec l'impression d'avoir subi une démonstration de force (ou plutôt de faiblesse) qui n'a fait mouche que pour nous laisser sur le carreau de l'indifférence.
Bref, "Un film qui se croit malin, mais qui n'est qu'un sparring-partner fatigué face à l'exigence du spectateur." Passez votre chemin, à moins que l'ennui ne soit votre art martial préféré.